Accueil > Psychanalyse & Sémiotique > Articles publiés > Assumer l’abduction
Assumer l’abduction
dimanche 26 octobre 2008, par
Assumer l’abduction
Fantaisie abductive
Etrange journée. Peut-être n’ai-je pas rêvé cette nuit, peut-être même n’ai-je pas rêvé depuis plusieurs nuits. Au fond j’ai toujours pensé que le rêve était une sorte de remise en place des impressions sensorielles de la journée, une mise en perspective du logos et dans le logos. Si je n’ai pas rêvé depuis plusieurs nuits, j’ai donc accumulé un paquet de choses qui sont là, en attente d’une écriture. Est-ce que l’écriture n’est pas cela : ce qui permet d’installer ce que le rêve a été impuissant à réaliser ?
Vers l’âge de 4 ou 5 ans, alors que j’étais en classe, à l’école maternelle, l’école Lamartine, la maîtresse demande à tous les enfants qui étaient là de prendre un papier et de dessiner la pluie. A ce moment là j’ai découvert quelque chose, mais je ne sais quoi. J’ai prétendu dans ma thèse (1991) (pas explicitement) que c’était l’origine de ma question, celle qui me guide dans ma vie : comment peut-on dessiner la pluie ? Mais toujours cette chose qui m’échappe. Comme psychanalyste, je vois bien qu’il y a quelque chose à saisir chez les autres. Mais là aussi, au moment de saisir cette chose, elle s’écoule entre mes doigts. En fait je ne me résous pas à accepter que la seule réalité que nous puissions trouver soit dans la fulgurance d’une parole. Sans doute l’esprit de l’escalier qui m’habite est-il à l’origine de ce doute ou de ce refus.
Je puis dire sans mentir que je cherche une réponse à ma question depuis plus de quarante ans. Je devrais maintenant en savoir un bout sur tout ça, et pourtant je n’ai jamais eu l’occasion de faire le point. J’écris des morceaux, des lambeaux autour de ma question. Mais je ne suis jamais allé à son coeur. Aujourd’hui peut-être ? Il faut que je me laisse aller. C’est-à-dire oublier ce que je sais d’organisé au profit des sédimentations qui restent en moi (mon "tonal").
(…)
Article écrit en 1989