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Blog-Tone du 18 octobre 2005 : Obstruction 1
mardi 18 octobre 2005, par
Obstruction.
L’entreprise est un lieu de rencontres, une manière de point d’accueil. Je peux être amené à travailler avec des personnes qu’en temps normal je n’aurais aucune chance de croiser. Et avec elles, nous échangeons comme jamais nous n’aurions pu échanger, et tous nous nous ouvrons des perspectives. Ce brassage se fait dans des conditions ordinaires. Nul besoin de l’Événement pour susciter le contact car il est ici quotidien. Parfois il faut un petit plus pour que quelque chose commence, une remarque, un clin d’œil, une action.
Il est donc facile d’entrer en contact avec quelqu’un, mais difficile de rencontrer quelqu’un. Dans l’armée, à l’église, ou plus près de nous à l’école puis à l’université, l’impétrant doit accepter quelques règles strictes, bien que parfois non dites. Il faut apprendre le langage de l’institution, ses rites, ses codes et ce sans intermédiaires. Dans l’entreprise, nous retrouvons ces petites choses qui font ces institutions millénaires, mais les intermédiaires sont nombreux : il y a toujours entre soi et le résultat de son travail etc... Et pour compenser cette solitude primordiale du salarié ont été créés par le Droit les représentants du personnel, les délégués syndicaux... des intermédiaires entre soi et les détenteurs de la « violence légitime » : chef de service, directeurs et tout ceux qui sont inscrits dans le haut de l’organigramme.
La rencontre dans ces conditions se fait entre égaux. Avec le temps il est même possible de constituer de véritables amitiés. Mais il existe trop d’obstructions pour que de telle choses adviennent simplement. Par un heureux hasard, j’ai pu rencontrer plusieurs personnes avec lesquelles j’ai pu développer ce délicat sentiment d’amitié. Et par ce « canal » j’ai pu découvrir un auteur extraordinaire : Chuck Palahniuk. Je ne pouvais pas l’évoquer hors contexte.
Palahniuk est surtout connu pour être l’auteur de « Fight Club ». Mais c’est celui de « Choke » que j’invoque ici. Le titre évoque l’obstruction et la libération, et en contexte la réalité escamotée qui resurgit violemment. Tout le roman tourne autour du jeu subtil de la réalité et du fantasme, de l’obstruction et du déni. Les évocations sont multiples, les descriptions minutieuses, le malaise continu. Et de rappeler que le réflexe de tussion se perd, qu’en entreprise je vois tous les jours des personnes s’étouffer sans pouvoir rien faire.
Voir aussi : impuissance
Voir aussi : mort
Et dans la recherche de ses origines, il ne trouve que le fantasme d’un autre.