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Blog-Tone du 4 septembre 2005 : Civilization.

dimanche 4 septembre 2005, par Ian Balat

Civilization.

Quand nous faisions nos humanités, nous devions dans le même temps connaître le long cheminement qui a permis à telle idée d’apparaître à tel moment. Nos professeurs nous enseignaient que le cours de l’Histoire est lent avec parfois quelques petits rapides, débordements ou écluses. Bref, que l’Histoire c’est du long terme. Quand nous voyons tous les jours dans la presse les événements se multiplier, il est raisonnable de penser que c’est par l’effet d’une accélération que le temps historique est changé et que cette vieille dame a soudain un bon coup de fouet. Peut-être ses derniers feux ? Certains l’ont écrit. Et d’autres en on fait leur gagne-pain.

De ces derniers, je ne puis m’empêcher d’en citer un, dont le talent est reconnu depuis des années, ce n’est pas un historien, c’est un créateur de jeux. Sid Meier a, dans le domaine des jeux que l’on appelle « God Like », ou simulateur de divinité, presque tout inventé. Il est parvenu à faire suivre à ses multiples fans le cours des histoires de dizaines de civilisations, d’où le nom de son jeu phare : Civilization. Ça commence avec trois fois rien, et à force de recherches, de combats, d’expansion, le joueur constitue une civilisation puissante qui domine le monde de la tête et des épaules. Mais cette série (le numéro quatre va bientôt sortir) n’utilise qu’un seul principe fondamental : l’accumulation. Ce n’est que par l’accumulation de biens, de connaissances, d’armes que les civilisations progressent. Cette vision agressive et très limitée du cours de l’Histoire est actuellement la seule qui prévaut dans les Relations Internationales, et son achèvement après accélération est la domination par une seule civilisation de toutes les autres. Georges Bush jouerait-il à ce jeu ?

L’Histoire, c’est du long terme et l’idéologie qui prévaut actuellement n’est qu’une étape de cette longue randonnée au travers des siècles. Je viens d’achever le cycle de « Fondation » d’Asimov ; cette lecture arrivait au bon moment. L’auteur présente la fin d’un Empire Universel et la lente constitution du suivant d’après les plans d’une poignée de chercheurs éclairés. Ces derniers ont fondé une petite République de chercheurs, noyau du futur Empire, soutenue en sous-main par une Phalange de « Psychohistoriens » capables de guider le cours des événements. Les péripéties, nombreuses, s’achèvent honteusement par un cinquième tome d’une nullité affligeante pour un tel romancier.

La Duplice Démocratie-Libéralisme finira par être dépassée comme moteur de l’Histoire ; qui sait par quoi ? et je trouve embarrassant pour eux que de nombreux estimables hommes de science et de pouvoir se laissent aller à présenter l’idéologie actuelle comme éternelle. Les Reich de mille ans n’ont jamais fait long feu.