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Blog-Tone du 6 novembre 2005 : Obstruction 4

dimanche 6 novembre 2005, par Ian Balat

Obstruction et déni.

Les banlieues seraient à feu et à sang. Il y aurait des émeutes et des batailles rangées auraient eu lieu dans certaines villes pauvres de France. Le gouvernement français aurait pris des mesures par le biais de son ministre de l’Intérieur pour répondre à ces violences. Et l’armée est prête à intervenir ! Hongrois rêver.

Je suis stupéfait par ce qui se passe actuellement dans certaines banlieues pauvres de Paris. Faisons un point sur ces « événements » : deux anonymes traqués par la police meurent électrocutés, des manifestations de colère s’ensuivent, des flics bien équipés débarquent sur place et prennent la tannée. Le ministère de l’intérieur lance ses compagnies anti-émeutes à l’assaut d’un quartier en ébullition, ils frappent sans discernement et, en plein ramadan, un fumigène tombe dans une mosquée de fortune. J’aurai voulu faire n’importe quoi, je n’aurai pas fait autrement. Sur ces entrefaites, le ministre de l’intérieur fait un discours immonde, à chaud, devant une forêt de micros/caméras. Le ministre du loto social dénonce, avec le consentement des parrains du gouvernement, les débordements du ministre de l’UMP. La gendarmesque, des teneurs de murs et des petits caïds expulsent leurs humeurs mauvaises. Et voilà !

Quinze ans de non-politique sociale, d’incurie jospinienne et un incident sordide nous permettent d’assister en direct, presque minute par minute, au spectacle de l’explosion de la misère. Comme pour AZF, il suffit de mélanger quelques produits entre eux et de leur faire prendre l’air et boum ! La déflagration se fait sentir jusqu’à Toulouse.

Chirac fait salon sur le sujet quand j’écris ces lignes, il doit se féliciter à mots à peine couverts de l’échec de son ministre de l’Intérieur, il lira un peu plus tard un discours qu’il peinera à déchiffrer et proposera un plan de rénovation sociale ou un truc comme ça. La situation se calmera d’elle-même. Faute de combattants.

Mais rien ne changera car nos entreprises ont besoin de cette main d’œuvre peu qualifiée, qui gagne juste assez pour pouvoir survivre et qui dépend totalement d’elles. Quant aux personnes trop mal dotées pour avoir le droit de gagner un salaire misérable, elles ne présentent aucun intérêt et ne représentent aucun danger car ne peuvent s’organiser en mouvements révolutionnaires, et pire ne votent pas ; elles peuvent tout juste exprimer leur détresse comme ça, en passant. Comme aujourd’hui.

À quoi bon gaspiller des capitaux pour elles ? Autant le donner au Medef ou aux grands exploitants agricoles, aux personnes sans qui notre République est en l’état ingouvernable. Jack London dans le Talon de fer prophétisait un règne de 500 ans à ces gens-là avant que nous ne prenions le pouvoir. C’était il y a 100 ans ; ça paraît encore jouable...