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Canet, le 04 décembre 2006 Gisela Pankow et la forge du représentement
lundi 4 décembre 2006, par
Canet, le 04 décembre 2006
Gisela Pankow et la forge du représentement
M. B. : La dernière fois nous avons accouché !
Public : Je n’y étais pas la dernière fois !
M. B. : C’était sur le corps…
Public : Et d’ailleurs ça a fait accoucher tout le monde…
M. B. : … ça a fait accoucher tout le monde…
Public : Chacun a sa manière…
M. B. : Mais justement, j’aimerais poursuivre un petit peu là-dessus tout en tenant le thème général de notre année. Pour résumer brièvement, ce séminaire existe depuis — maintenant j’ai l’impression que ce séminaire existe depuis toujours — depuis 1986, ça fait donc vingt ans. Oui, le premier a eu lieu en octobre 86, c’est-à-dire juste avant que je passe ma thèse, en décembre. Donc, depuis octobre 86 on essaie de créer des liens, des liens un peu essentiels entre la psychanalyse et la sémiotique, et actuellement on en est à aborder de manière plus précise la question du corps, et du corps sémiotique. Alors bon, il faut voir ce que c’est. Évidemment, il manque vingt ans de causeries, car tout le monde n’est pas là depuis 1986, et celle qui était là depuis le début nous fait faux bond : Françou.
J. M. : Elle devait venir ce soir, mais elle a un rendez-vous concernant son exposition. Elle va revenir.
M. B. : Ah ! La question est que je ne peux pas toujours résumer tout, parce qu’il est impossible de résumer ces vingt ans, mais j’essaie chaque fois de présenter les choses pour que ce soit intelligible ! Que ce ne soit pas trop jargonnant. Certes, il y aurait matière à jargonner, mais le but n’est pas là. La dernière fois nous avions eu l’occasion de parler de la question du corps et en particulier le concept d’image du corps que je trouve trop réducteur. On en a surtout beaucoup parlé il y a trois/quatre ans, autour de la question de la fonction scribe, de l’inscription, et de la question du corps.
J’avais essayé de dire que, à l’évidence, le corps dont on parle, celui-là, le leib, pour reprendre les termes de Gisela Pankow — qui est d’ailleurs un peu inconstante parce qu’elle n’utilise pas toujours le terme leib —, l’image du corps est quelque chose qu’on a tendance à restreindre au corps propre.
Il est bien entendu évident qu’on ne parle pas du corps propre. Gisela Pankow fait bien la distinction entre une amputation, qui ne touche pas ipso facto l’image du corps, et la psychose, où, pour le coup, l’image du corps est réellement amputée de quelque chose ; et toutes les constructions qu’elle fait avec la pâte à modeler, les dessins et autres, toutes ces constructions visent à réparer l’image du corps. Les deux grands concepts de Gisela Pankow sont ce qu’elle appelle les deux fonctions symbolisantes. Je cite (à peu près) :
« La première fonction symbolisante du corps c’est la relation dynamique entre le tout et les parties du corps, autrement dit, le corps peut certes être conçu comme morcelé, mais ce morcellement garde quand même une référence à l’unité du corps ; ça c’est lorsque la première fonction symbolisante est réalisée, peut-on dire. Cette fonction symbolisante se trouve à la fois dans la névrose et dans certaines formes de psychose, dont la psychose hystérique ; je dis que dans la psychose hystérique le corps est morcelé mais qu’il y a quand même toujours une possibilité de référence à l’image unitaire du corps.
La deuxième fonction symbolisante, celle qui est attaquée dans toutes les psychoses, c’est la fonction qui consiste à donner sens et contenu à la relation dynamique entre le tout et les parties. Autrement dit, on n’est plus simplement dans la notion de structure du corps mais dans quelque chose qui va largement au-delà, à savoir la question du sens de cette relation, du contenu qu’on peut donner à cette relation entre le tout et les parties ». Fin de citation.
Depuis la semaine dernière j’ai eu l’occasion d’entendre des réflexions venant d’équipes qui s’occupent d’enfants autistes, et il me semble que nous avons pu avancer sur le rapport entre les deux fonctions symbolisantes et l’autisme. Mais, pour vous en faire part de manière pratique, il est nécessaire que je revienne à la problématique que Pierre Delion avance sur la question de l’autisme.
Je vous rappelle que la question de l’autisme est induite par le constat d’un trouble de la fonction iconique.
(…)