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Canet, le 26 juin 2006 Lecture et discussion d’un article de Peirce sur l’utilisation des indices.
lundi 26 juin 2006, par
Canet, le 26 juin 2006
Lecture et discussion d’un article de Peirce sur l’utilisation des indices.
M. B. : Alors, deux mots sur ce qui s’est passé à Château Rauzé, parce que c’est passionnant… comme toujours : la séance dite de sémiotique a été particulièrement prenante, parce qu’on a vu un monsieur dont l’histoire avait été oubliée ; personne ne se souvenait de son histoire, alors qu’on l’avait déjà vu en sémiotique quelques années auparavant, et qu’il est là depuis plusieurs années, c’était hallucinant ; on avait même perdu les notes de séance, c’est dire qu’il y avait là quelque chose de très insistant.
Et, à partir d’une remarque d’une infirmière, on a pu noter qu’il y avait un lien entre cette perte d’histoire et ce qui avait déjà été souligné lors de la séance de sémiotique précédente ; ça a resurgi, non pas dans les notes puisqu’elles étaient perdues, mais dans les souvenirs. Il y a là quelque chose d’intéressant, mais je ne veux pas trop parler de tout ça aujourd’hui. Après on a eu une réunion assez intéressante dans les appartements, même si c’était un peu hirsute, bon, enfin je n’insiste pas.
Enfin, pendant la dernière réunion, dite institutionnelle — je ne sais pas pourquoi ça s’appelle comme ça, mais le fait est que cette appellation est reprise partout — on a été amenés à parler de quelque chose que je trouve très intéressant, à savoir la question de l’idéal : est-ce qu’on travaille en visant un idéal ?…
Alors c’était une question qui m’a permis de faire remarquer que la poursuite d’un idéal était quelque chose de très emmerdant. En fait, la personne qui défendait cette idée disait que c’était son moteur ; alors la question qui peut-être posée c’est : est-ce qu’un idéal peut être un moteur ?
De fait, il me semble que se soigner de son insuffisance est un moteur bien plus intéressant que la visée de l’idéal. On est toujours insuffisants par rapport à notre tâche, c’est évident pour tout le monde ; parfois on n’ose même pas se l’avouer, mais on le sait.
Évidemment, l’idéal nous fait toujours apparaître comme insuffisants par rapport à une norme idéale, moyennant quoi on devient un peu des fonctionnaires du moteur, autrement dit, on fabrique artificiellement un moteur en se comparant à un idéal, de sorte qu’on est tranquilles, on est assurés…
En fait, la conclusion de cette dame c’était qu’il lui manquait un pasteur, un guide, à Château Rauzé, or, il y a un rapport très étroit, bien entendu, entre l’idéal du moi et la fonction de pasteur, ou de duce, ou de führer, c’est-à-dire entre les formes idéales et l’apparition d’un idéal du moi sous la forme d’une autorité.
C’était un débat très intéressant que de savoir pourquoi on travaille, et c’est un débat qu’on pourrait souhaiter voir se tenir dans d’autres établissements. Je n’ai pas pu rédiger le truc parce que je suis en train de lire un article que Pascale Molinier m’a envoyé… et son dernier livre, qui est formidable. Ça sera passionnant parce que cette femme est un esprit puissant… elle m’épate…
Par ailleurs, je me disais qu’aujourd’hui je pourrais vous faire un peu de lecture ; je ne vous lirai pas le texte en anglais, je ne veux pas vous rendre malades, je vais donc vous proposer une traduction simultanée d’un texte de Peirce.
Public : …
M. B. : Traduire un roman je ne pourrais pas le faire, par contre traduire Peirce c’est quelque chose que je peux faire sans trop de difficultés ; si c’était trop approximatif, vous ne manqueriez pas de me le faire remarquer rapidement. C’est un passage qui traite des indices, et si ça vous intéresse je peux le mettre en ligne sur mon site. C’est un extrait des Collected Papers, mais en anglais…
Qui est intéressé ?…
F. C. : En français ça m’intéresse…
M. B. : Non, je n’ai pas de traduction en français… bon, il n’y a que toi, eh bien, je te donnerai le papier alors, parce que… (rires) Je ferai éventuellement des commentaires si ça s’impose, ou si vous ne comprenez pas. N’hésitez pas à dire que vous ne comprenez pas, sinon je continue, bon, alors voilà :
(…)