Accueil > Causeries de Canet > Les causeries de Canet 2005-2006 > Canet, le 28 novembre 2005 A partir du ‘et’ et du ‘ou’, étude de la (...)
Canet, le 28 novembre 2005 A partir du ‘et’ et du ‘ou’, étude de la constitution de l’objet, l’objet perdu, l’objet a, l’objet transitionnel
lundi 28 novembre 2005, par
Canet, le 28 novembre 2005
A partir du ‘et’ et du ‘ou’, étude de la constitution de l’objet, l’objet perdu, l’objet a, l’objet transitionnel
M. B. : Auriez-vous des questions pour m’aider à m’engager dans le sujet de la causerie d’aujourd’hui ?
G. P. : Une question sur la rage par rapport au vecteur paroxysmal…
M. B. : La rage c’est e-. Avant toute chose nous devons observer comment les choses s’arrangent dans le système de Szondi. Si on suit les différentes séries, les fameux papillons, par exemple si on considère ici la série P, paroxysmal, tout commence par e-. Cela se joue autour des deux facteurs e, épileptique, et hy, hystérique. Chaque facteur est ensuite lui-même divisé en deux classes, - et +, c’est-à-dire celle où ils sont surprésents et celle où ils sont surabsents, d’ailleurs il ne s’agit pas d’une véritable absence, mais d’un refoulement, vous avez alors e- e+, hy-, hy+. Le papillon du vecteur P commence par e-. Par exemple, ce sera : e- l’enfant crie. En effet, le cri est l’un des modes fondamentaux, primaires, qui permet de se situer dans le monde. Il est celui par lequel l’enfant se manifeste quand il voit quelqu’un s’approprier ce qu’il vise. Le cri est premier, et on peut dire qu’il s’agit là de toute la vision du e-. Dans le deuxième mouvement on va vers hy+, la tendance érotique, donc une manière d’aller vers l’autre, qui s’appuie sur le fait de masquer la rage. Dans le troisième mouvement, on passe de la liaison, tendance érotique hy+, au contraire, à savoir la destruction, hy-, où on retrouve effectivement le même facteur, mais élaboré cette fois-ci, avec un objet. Enfin, cela se conclut — il s’agit encore du vecteur hy — par le vecteur e+ qui est la béatification. En somme : on part de la rage, elle s’élabore dans le hy+/hy-, et elle se résout enfin en e+, béatification. La béatification étant ce passage, je n’ose pas dire sublimé, mais tout bien considéré il y a cependant quelque chose de cet ordre. À ce propos Lekeuche et Mélon écrivent que la question de la rage et du cri ne trouvera un début de point d’application pour une différenciation, entre la colère, l’envie, la jalousie, nées de la rage — et qui cependant appartiennent à un ensemble de sentiments divers d’une même catégorie qui peut être augmentée — que dans le fantasme de la scène primitive, précisément. C’est-à-dire que l’enfant e-, l’enragé — et on pourrait aisément relire 1968 à cette lumière — qui participera aux ébats, au débat des grandes personnes, dans la scène primitive, sera dans la position hy+. Il est vrai qu’il y a un temps où cela se passe de cette façon, ne serait-ce que par le regard, et tous les rêves de scène primitive montrent l’enfant dans cette position vis-à-vis de la scène. Il y participe soit dans la position du père, soit dans celle de la mère, et cela constitue l’un des enjeux de la scène primitive. Le troisième temps est le temps où il fait cesser la scène, hy-. D’ailleurs, on peut y suivre le trajet de l’hystérie, qui est d’abord celle de venir se lier à, à quelque chose qui se passe et qui séduit l’hystérique. Par exemple un couple amoureux, dans un premier temps, la position qu’on appelle habituellement l’ami de la famille, où l’enfant se lie, position hy+. Et puis rapidement ou bien d’ailleurs avant, cela dépend, mais enfin dans tous les cas, hy-, c’est-à-dire la tendance à faire cesser la relation du couple. Il s’agit là d’un classique qu’on peut lire dans tous les romans, cependant on donne au moins ici quelques éléments. Il est évident que dans cette situation, d’une certaine façon, l’hystérique, étant donné son rôle qui consiste soit à lier les deux par sa présence, soit à les séparer, ne choisit pas le sexe. La question sexuelle reste suspendue, d’où le débouché en e+ qui est la béatification. C’est-à-dire que l’hystérique deviendra assistante sociale, bienfaitrice, béate. Elle finit par quelque chose grâce à quoi elle sera en odeur de sainteté. Elle se dévoue pour les autres, de façon indistincte, ce qui est une façon de continuer à ne pas choisir, et de se trouver, cette fois-ci, dans une troisième position, le troisième sexe. « Il y avait trois personnes et les trois étaient de sexe différents ». Ce jeu entre hy+ et hy- est le jeu sexuel dans lequel hy+ est plutôt la dimension maternelle et hy- la dimension paternelle, et on peut y observer continuellement le jeu qui se joue sans qu’il y ait véritablement de choix qui soit opéré, d’où l’issue représentée par e+, le troisième sexe, la béatification. Voilà une des manières d’aborder la chose.