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Conférence de Yannick Gayraud
jeudi 2 juillet 2009, par
Dépendance chez la personne alcoolique et formes pathologiques du lien d’attachement
Répondre à l’invitation du séminaire « Autour de l’Attachement » a pu se faire à partir de réflexions interrogatives.
Comment l’alcool intervient à un autre niveau que l’alcool, pour des mamans alcoolisées avec leur bébé ?
D’où vient cette attitude intérieure de se sentir désarmé devant « l’adhésivité » de cette jeune maman ? Ne protège-t-elle pas sa part d’enfant dans l’agrippement à sa fille pour ne pas être délaissée par les soins ? Ne s’agrippe-t-elle pas à l’alcool pour ne pas se laisser tomber ?
Comment une maman passe au récit de la disparition de son enfant vécue dans le chaos, en se donnant de la peine dans la quête des vêtements disparus qui enveloppaient son enfant comme pour le tenir à nouveau dans ses bras...
Que faisons-nous dans les soins au quotidien de cette dimension de contact de base ? de la mise en parole de la dimension historique de l’histoire familiale croisée à celle des soins d’un enfant qui ne cessait de vivre des ruptures et des rejets si forts de ses lieux d’enfance où il se retrouvait violemment contre eux ? Cet enfant se relève et grandit...
Ces réflexions interrogatives m’amènent à considérer la fonction propre du langage, ce qui en passant, nous dit François Tosquelles dans Fonction poétique et Psychothérapie : « fait le nid même du sujet, un nid qui, bien que fait de chutes qui tombent hors du cours du discours, ou restent souvent accrochées à ses branches, constitue le lieu souvent garni de duvet, de feuilles sèches, ou de brins de n’importe quoi, le lieu que nous appellerons le sujet. Un lieu d’où l’homme renaît et prend son vol avec toutes les interrogations qui lui servent d’ailes. Il est évident, en tout cas, que rien de tout cela ne peut advenir avant qu’aient eu lieu les tries de l’écouter et du parler, avant, s’il me permet de continuer mon image métaphore, que les plumes de la langue ne recouvrent le corps nu des petits oiseaux. C’est avec le langage que nous faisons notre deuxième naissance... ».
Comment s’éprouve celui qui a un « penchant » à l’alcool ?
Il se ressent comme aplati, chaotique, esquinté, ozimé, en vrille, saboté, vide, effondré, douloureux, anéanti, avec des bleus... Son corps est marqué... Il ressent des malaises corporels comme la transpiration, des tremblements, des vertiges et des pertes d’équilibre...
Ces mouvements dans la relation à l’autre sont soit des mouvements d’isolement, de fuite, de chute, de rupture, d’arrachage, soit des mouvements d’accaparement et d’accrochage...
Ces tournures reflètent un monde de la « sensorialité » douloureux et tourmenté où les mouvements de proximité, d’approche et d’éloignement, de hauts et de bas, ont des degrés excessifs de dépendance et de distance par rapport aux autres.
Comment aborder celui qui se dit « à part », « inabordable », « qui incommode », qui ne supporte pas la dépendance, elle lui est insupportable.
(…)