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Danielle Roulot par Pierre Delion

lundi 20 juin 2005, par Michel Balat

Danielle Roulot a pu conduire ses études de médecine après avoir entrepris d’abord des études de sciences fondamentales, tout en continuant d’exercer ses talents de monitrice dans la clinique de La Borde, fondée par Jean Oury en 1953. Il s’agissait là pour Oury de mettre en pratique, dans le cadre d’une clinique de Sologne, une psychiatrie humaine pouvant acueillir des personnes en déshérence psychopathologique, y compris celles présentant des pathologies psychotiques graves. Quoi de particulier à cela me direz-vous ? Beaucoup de cliniques et d’hôpitaux le font, sans en tirer une telle réclame ! Détrompezvous
le destin des personnes psychotiques qui sont accueillies dans cet endroit n’est pas le même que dans la plupart des autres lieux de soins psychiatriques.
En s’appuyant sur les grands auteurs, des présocratiques à Lacan, Klein, Winnicott et beaucoup d’autres, elle développe les singularités de la construction schizophrénique, notamment en ce qui concerne sa difficulité à exister entre réalité et représentations, entre corps et réalité et entre corps et représentations. Les notions de jugement d’existence, d’espace transitionnel, d’intégration et de continuité d’existence sont revues et réarticulées à cette occasion d’une façon convaincante. Danielle Roulot, par sa réflexion à la fois profonde et novatrice, fait oeuvre de pionnière dans l’élaboration des psychothérapies de personnes psychotiques en « institution ». Et par la cohérence de ses avancées avec la pensée freudienne, elle se révèle bien dans la continuité de l’oeuvre de l’inventeur de la psychanalyse.
Tous ceux qui accueillent et soignent des personnes psychotiques lui sauront gré d’avoir accepté d’éditer, vingt ans après son écriture, un texte qui n’a pas pris une ride.

Pierre Delion