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Gabriel de Tarde
Le Public et la foule
vendredi 17 juin 2005, par
Ce document de travail est destiné aux étudiants de Licence de sociologie de l’Université de Perpignan, 1er semestre 2002/3. Les notes sont de G. de Tarde. Nous avons ajouté après certains mots ou phrases des renvois ([A1], [A2], etc.) au document d’Annexes nommé “Annexes Tarde 1”. Le but en est évident.
Non seulement la foule est attirante et appelle irrésistiblement son spectateur, mais son nom exerce un prestigieux attrait sur le lecteur contemporain, et certains écrivains sont trop portés à désigner par ce mot ambigu toutes sortes de groupements humains. Il importe de faire cesser cette confusion et, notamment, de ne pas confondre avec la foule le Public, vocable susceptible lui même d’acceptions diverses, mais que je vais tâcher de préciser. On dit le public d’un théâtre, le public d’une assemblée quelconque ; ici, public signifie foule. Mais cette signification n’est pas la seule ni la principale, et, pendant que son importance décroît ou reste stationnaire, l’âie moderne, depuis l’invention de l’imprimerie, a fait apparaître une espèce de public toute différentes, qui rie cesse de grandir, et dont l’extension indéfinie est l’un des traits les mieux marqués de notre époque. On a fait la psychologie des foules ; il reste à faire la psychologie du public, entendu en cet autre sens, c’est à dire comme une collectivité purement spirituelle, comme une dissémination d’individus physiquement séparés et dont la cohésion est toute mentale. D’où procède le public, comment il naît, comment il se développe ; ses variétés ; ses rapports avec ses directeurs ; ses rapports avec la foule, avec les corporations, avec les États ; sa puissance en bien ou en mal, et ses manières de sentir ou d’agir : voilà ce que nous nous proposons de rechercher dans cette étude.