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L’objet chez Lacan
JEAN OURY Clínique de La Borde
vendredi 17 juin 2005, par
Le mot « objet »... Jarry : « L’objet aimé » ? Corneille : « Rome, unique objet de mon ressentiment » ?... D’où vient ce mot ? L’objet, chez Lacan, a t il le même sens ? Sans réflexion préalable, tout en lisant Lacan, on pense à l’objet au sens de « l’objet aimé » ou de « l’unique objet de mon ressentiment » ; à moins qu’on ne l’assimile à l’objet des sciences dites « objectives », lesquelles posent l’objet en face, toujours en face ; mais en face de quoi ? Il serait opportun de reprendre quelques passages d’un texte de Johannes Lohmann (« Le rapport de l’homme occidental au langage ») qui démontre qu’il y a eu fracture dans l’évolution de la pensée, vers les XIIIe et XIVe siècles, fracture qui a permis aux sciences dites « objectives » de se développer, du fait de la séparation entre le sujet et l’objet. (« Plus le Moi s’éprouve lui même comme le point de départ de la pensée, plus le langage est objectivé »... « Entre le subjectivisme radical des Temps Modernes, et la forme de pensée grecque originaire, se trouve une forme d’existence, dans laquelle la forme du langage devient un mode du comportement humain ». J. Lohmann).
L’objet, c’est d’abord ce qu’on rencontre. On est bien tranquille dans une nébuleuse narcissique... et on rencontre - par hasard, comme toujours - quelque chose qu’on va appeler un « objet ». C’est un « événement ». L’objet, au sens traditionnel, c’est un mixte de cette rencontre (tugkanon) et du dicible (lekton). Il s’agit donc encore d’un objet « non objectivé ». C’est l’objectivation c’est à dire une sorte de coupure projetée qui fait qu’il y a un « objet » distinct et qu’on va pouvoir l’étudier. L’objet s’oppose alors au « sujet ».