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Le Collectif, Jean Oury : préambule à la réédition
mardi 15 novembre 2005, par
Préambule
L’éditeur a souhaité que figure un préambule à ce séminaire de Jean Oury intitulé ‘Le Collectif’. Un préambule et pas une préface ou un avant-propos, ni un avertissement. Donc, quelque chose d’écrit avant qu’on aille et vienne dans le texte - nous sommes au niveau du vecteur C szondien -, une prise de contact en somme.
Depuis l’élaboration improvisée, comme à l’accoutumée, de ce texte (1984-85) et son édition (1986), Jean Oury continue à bâtir des amers pour le ‘chemin qui se fait en marchant’ au cours de ses séminaires mensuels de Ste-Anne. Cette année (2005-6) ce sera ‘ De l’expérience’, mais il y a eu ‘Hiérarchie et sous-jacence’, ‘Le pragmatisme’, ‘Le singulier’, ‘L’objet a’, ‘Le politique’, etc. Ces soirées à St-Anne sont d’une rare densité, comme le texte qui suit en témoigne, mais tout se lit aisément, tout se lie, se lisse, glisse.
Pourtant « Rome brûle » ; mais parce que, comme le dit le poète, « elle brûle tout l’temps », il faut bien continuer à penser, parler, écrire, témoigner, tout cela parfois dans la honte ; le rouge au front, - au front de la folie, comme notre cher Tosquelles empoignant celle-ci au plus près des affrontements sanglants de la guerre civile d’Espagne. Car c’est là, des leçons de cette guerre, qu’il a bien fallu penser les rapports entre l’État et ses institutions d’État, ses ‘établissements’, et le tissu d’institutions, les associations, amicales, clubs, syndicats, mutuelles, que dire encore !, créées pour être près du ‘singulier’, de l’être cheminant.
C’est précisément là que l’ouvrage, où le lecteur va déambuler, jette une vive lumière. Saisissant une première articulation, celle de l’établissement et des institutions de cet établissement, puis une deuxième, celle entre ces institutions et un-chacun (comme le dit Tosquelles), cet opérateur qu’est le Collectif permet le jeu de cette double articulation. Une vraie relation triadique, donc d’un registre conceptuel. C’est là que Jean Oury, à l’instar de Lacan, de Peirce, propose d’identifier cet opérateur à ce que permet la double articulation dans le langage. Qu’on lise cet article qu’il cite souvent, ‘Le rapport de l’homme occidental au langage’ de Johannès Lohmann, pour saisir l’importance de cette identification.
Quel bonheur de rendre possible par cette nouvelle édition la continuité de la diffusion de cette parole, de cette pensée !
Michel Balat, Canet-en-Roussillon le 14 septembre 2005
Le Collectif, Jean Oury, Éditions Le Champ Social, Nîmes, 2005.
"Le rapport de l’homme occidental au langage", Johannes Lohmann in Revue philosophique de Louvain, t. 72, 4ème série, N°16, nov. 1974.