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Le Manticien et l’interprète
Actes du colloque Psypropos 1996
mercredi 15 juin 2005, par
Le travail dont il va être ici question a pour cadre une clinique de la région bordelaise, Château Rauzé près de Cénac, dirigée sur le plan médical par Le Dr Edwige Richer. Les soins sont donnés à des personnes ayant été, à la suite d’un traumatisme crânien, plongées dans le coma. Le séjour de ces blessés (c’est le nom qu’ils ont choisi de se donner) commence à l’éveil du coma et se conclut généralement au bout de 6 mois à 3 ans. Le jeune Nicolas dont nous allons parler traverse ce que l’on appelle la phase d’éveil et, plus particulièrement, la phase végétative. Il faut savoir que la sortie du coma ressemble souvent au coma proprement dit, si ce n’est que le blessé a ouvert les yeux, ce qui suffit pour le considérer comme éveillé. Toutefois l’état d’ensemble est souvent celui de quelqu’un sans réaction notable aux sollicitations de l’environnement, et c’est en cela que ce moment est appelé végétatif. Ce n’est pas non plus l’état végétatif, qui est supposé être un état constant, si toutefois un tel état existe, ce dont nous pouvons douter.
Nous avons, depuis huit ans maintenant, conçu un travail complexe, extrêmement articulé, travail imprégné des conceptions de la psychothérapie institutionnelle. Les blessés vivent leur vie quotidienne dans l’établissement, souvent pour de longues durées, et nous avons tenté de déterminer en tenant compte des exigences particulières du soin à leur égard, les lieux, les temps et les concepts, largement indéfinis, où les hasards peuvent advenir qui ensemencent la vie institutionnelle.