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Lettre ouverte au Conseil de l’Ordre des Médecins

lundi 23 janvier 2012, par Michel Balat

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Monsieur le Président du Conseil national de l’Ordre des médecins, Mesdames et messieurs les parents de personnes autistes,

Deux médecins, le Professeur Pierre Delion, « véritable promoteur du Packing en France1 », Chef
du Service Psychiatrie Enfant et Adolescent du CHRU de Lille, et le Professeur David Cohen,
Chef du Service Psychiatrie Enfant et Adolescent de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière ont été ou
sont convoqués devant leurs Conseils départementaux de l’Ordre des médecins suite à la plainte
d’une association représentant des familles de personnes autistes, l’association Vaincre l’Autisme.

Leur délit : soutenir le principe d’une recherche scientifique validée dans son objet et son
protocole par le Comité de Protection des Personnes du CHRU de Lille, recherche menée dans le
cadre d’un Programme Hospitalier de Recherche Clinique National (PHRC), validé en 2008
(PHRC 2007/1918, n° Eudra CT : 2007-A01376-47), financée par le ministère de la Santé et dont
le thème est « L’efficacité thérapeutique du packing sur les symptômes de troubles graves du
comportement, notamment les automutilations, des enfants porteurs de TED/TSA ».

Ces plaintes2 constituent une véritable attaque personnelle et professionnelle difficile à
comprendre quand on prend le temps de connaître l’objet de ces attaques et les hommes qui en
sont les victimes.
De plus, les comparutions devant le Conseil de l’Ordre s’accompagnent d’appels à la manifestation
devant les dits Conseils, selon des méthodes d’un autre âge qui interrogent sur les véritables
motivations de leurs instigateurs. Elles rejoignent d’autres mobilisations telles celles qui ont
violemment attaqué les équipes pratiquant l’avortement ou celles, plus récentes, exigeant
l’interdiction de représentations culturelles jugées blasphématoires au nom de la religion.
Or, la recherche scientifique est tout sauf un blasphème, même si elle va à l’encontre de
convictions qui peuvent, en elles-mêmes quand elles ne se manifestent pas sur le mode du
dénigrement et de la disqualification, être respectables. La science n’est pas un dogme, Pierre
Delion et David Cohen ne prétendent pas détenir la vérité, ils la cherchent. « Toute connaissance
est issue d’un processus de construction, processus qui consiste en une réorganisation qualitative
de la structure initiale des connaissances et qui peut s’assimiler à un changement de conceptions3.
Pierre Delion rappelle que « ils [les scientifiques] savent bien qu’avant de pouvoir démontrer
quelque vérité scientifique que ce soit, le chercheur émet des hypothèses abductives (j’ai l’intuition
que) puis conduit ses recherches pour tenter de démontrer de façon déductive et inductive les
hypothèses émises. S’il n’y avait pas d’abord des intuitions basées sur la clinique, aucune
découverte n’aurait pu être faite en médecine, ni a fortiori démontrées dans le cadre de l’Evidence
Based Medicine. » C’est la base même de la recherche expérimentale.
Une étude scientifique ne préjuge pas de son résultat, ce que font les associations de parents
d’enfants autistes qui ont décidé que cette technique « relevait de la torture4 », qu’elle était
pratiquée « sans protocole, sans évaluation et sans résultat3 » voire qu’elle « ouvrait la voie à l’abus
sexuel5 » et qu’il fallait y mettre un terme parce que « dénuée de tout respect et de toute dignité3 ».

Pourquoi, donc, s’opposer à un examen scientifiquement validé de la question du packing ?

(…)


Pour signer cette pétition allez sur le site :
http://www.autismeuneapprocheplurie...

Messages

  • Pourquoi s’opposer ? Pour la même raison que l’on s’opposerait au testing scientifique des électrocutions, car c’est une pratique barbare et dispensable. Par ailleurs, l’explication qu’il y a derrière est erronée, il est bien possible que le packing obtienne des résultats mais ce serait un simple mécanisme d’extinction d’un symptôme par association de celui-ci avec un stimulus négatif. Or il existe des moyens moins cruels d’obtenir le même résultat. Il ne suffit pas que des résultats soient obtenus, encore faut-il que l’explication des mécanismes sous-jacents soit scientifique.

    • Concernant l’extinction je pense que c’est une hypothèse qui ne tient pas la route. Je ne vois pas comment les personnes pourraient faire le lien entre ce stimulus et leurs troubles du comportements à moins de faire du packing systématiquement après l’apparition d’un trouble. Ou encore d’expliquer que c’est à cause de tel et tel comportement qu’on à recours à ça. C’est le cas ?

      Sinon, je vois bien des mécanismes comme l’éveil de la conscience de soi objective.

      En tout cas effectivement il faut faire l’hypothèse d’un mécanisme et une opérationalisation qui met bien en évidence qu’il s’agit de ce mécanisme. Qu’en est-il ?

    • Quelle triste habitude de cliver le débat entre pour et contre ! Sur le terrain j’ai vu des enfants visiblement améliorés par le packing, d’autres non. Je ne suis pas psychanalyste, je n’ai jamais "packé". Mais difficile de nier que ça marche dans certains cas. Les approches comportementales ont aussi leur mot à dire, à certains moments. Et qu’il y ait une composante neurologique n’implique pas une prise en charge qui envisage aussi l’affect. (D’ailleurs mon cerveau à moi, il me sert aussi à avoir des affects.)
      En tout cas quelle imbécilité de parler de cruauté et de tortionnaires. La malveillance moyen-ageuse n’est pas là où certains le prétendent.

  • En 1994, Frances Tustin écrit : « Il est nécessaire de réfléchir sur une erreur commise par de nombreux psychanalystes, y compris moi-même. Décidément, il n’existe pas un stade infantile normal d’autisme vers lequel soit possible une régression qui explique la causalité de l’autisme infantile… Telle a été l’hypothèse principale sur la causalité de l’autisme soutenue par de nombreux médecins psychanalystes…Cette hypothèse erronée, basée sur des préliminaires imparfaits, est devenue une sorte de virus invasif, car il a pénétré et déformé les formulations cliniques et théoriques… Malgré notre gratitude envers Freud et envers son œuvre sans laquelle les psychanalystes n’existeraient pas, une loyauté aveugle et dépourvue de discussion envers lui peut être un obstacle. En ce qui concerne la cause de l’autisme infantile non dû à un dommage cérébral, cette fidélité a perpétué une erreur ». Quinze ans plus tard, en France, l’erreur, et l’horreur, continuent à se perpétuer.

  • Je suis contre l’utilisation du packing, en dehors du cadre limité à la recherche en cours. Bien entendu, si on m’avait proposé que mon enfant participe à la recherche, j’aurais refusé. Mais c’est une question rhétorique, car on est (je suis) loin des conditions indiquées.

    Dans les signataires indiqués jusqu’à présent, il n’y a que le Dr Constant qui est connu et apprécié pour ses compétences en matière d’autisme.

    Les spécialistes français ne signent pas non plus de pétition contre le packing, quoi qu’ils en pensent.

    Quelles conclusions en tirer ?

    Et si tout le monde était d’accord sur le fait que l’autisme est un trouble neurodéveloppmental (le Pr Jacques Hochmann ne sait pas ce que çà veut dire) et que les "approches éducatives comportementales (ABA), cognitives (TEACCH) ou développementales" ont démontré leur efficacité, ce serait parfait, non ? C’est écrit dans la lettre à l’ordre des médecins, mais je croyais que ce n’était pas le point de vue de ceux qui l’ont signé. Il suffit de comparer ce texte à celui du collectif des 39.

  • Dans la lettre ouverte au conseil de l’ordre des médecins, il est écrit :

    « Le packing, contrairement à ce que laissent entendre ceux qui demandent son interdiction, n’a pas pour origine la psychanalyse et il existe une abondante littérature scientifique sur cette technique, anglo-saxonne notamment. Il trouve sa source dans la médecine antique et repose sur l’utilisation de l’eau dans les soins physiques et psychiques, l’hydrothérapie... »

    J’estime qu’il est faux de nier une origine psychanalytique du packing. Son origine est double, l’hydrothérapie et la psychanalyse, il suffit pour s’en rendre compte de lire la littérature concernant cette technique :

    Dans un récent papier, (Revue de psychothérapie psychanalytique de groupe, 2011/2 n° 57, p. 47-54.) Pr Delion revendique non pas une origine dans la psychanalyse, mais l’hydrothérapie revisitée par la psychanalyse. Il a écrit : « cette technique est utilisée par des aliénistes du XIXe siècle pour apaiser les agitations des malades mentaux, mais pratiquée sans la référence freudienne – et pour cause –, elle ne devient, dans la plupart des cas, ni plus ni moins qu’une contention. La technique revisitée par les psychanalystes américains sera alors une manière d’accompagner les catatonies et autres éléments cliniques de la dissociation schizophrénique »

    On trouve aussi dans la fiche packing du CRA Nord Pas de Calais :(http://www.cra5962.org/images/DOCTELECHARGEABLES/METHODESOUTILS/METHODES/packing.pdf)
    « La première source du packing nous vient de thérapeutes du XIX° siècle, allemands et français, qui avaient pu mettre au point des techniques basées sur l’hydrothérapie, comprenant des enveloppes humides.
    La deuxième source du packing nous vient de la psychanalyse et se réfère aux travaux de Didier ANZIEU (Le « Moi peau ») et de Geneviève Haag (« Grille d’évaluation de l’autisme infantile »). »

    • je me permets de vous demander si vous connaissez des bibliographies sur le "packing sonore" en français ou éventuellement en anglais ?
      J’utilise, pour ma part, auprès de mes patients TED ou tb autistiques les sons chantés pour enrichir l’enveloppe sonore et la contenance.
      Vous remerciant de votre réponse.

    • Je ne vois pas du tout le lien entre le packing et ce que vous appelez le "packing sonore"...

    • Dans ce message, je voulais seulement montrer que cette phrase, écrite dans la lettre au conseil de l’ordre des médecins : « Le packing, contrairement à ce que laissent entendre ceux qui demandent son interdiction, n’a pas pour origine la psychanalyse » est en contradiction avec ce qu’a écrit le Pr Delion : « sans référence freudienne, le packing n’est qu’une contention ».

      en ce qui concerne l’ambiance sonore, le Pr Delion a écrit :
      "En tout cas, nous cultivons le silence bien tempéré, c’est à dire que nous ne parlons pas pour remplir l’atmosphère, nous attendons quelque signe de la part du patient, et cela nous aide à être attentifs à notre pensée interne ; de plus nous essayons dans la mesure de nos moyens de soigner l’ambiance : couleurs, chaleur, silence optimal...
      En tout cas, cette question de l’ambiance sonore nous a permis dans plusieurs situations cliniques de pouvoir travailler sur les hallucinations des enfants."

  • Dans la lettre ouverte au conseil de l’ordre des médecins, il est écrit :
    « Tout le monde est aujourd’hui d’accord pour dire que l’autisme, on devrait probablement dire les autismes, est un trouble neuro-développemental, entrant dans le cadre des troubles envahissants du développement ce qui ne préjuge en rien de son étiologie qui demeure inconnue, les hypothèses allant des anomalies génétiques aux atteintes infectieuses ou toxiques, probablement associés à des degrés divers. »

    Bien que l’étiologie de l’autisme demeure inconnue, Pr Delion, s’il ne préjuge pas des causes d’une vulnérabilité chez l’enfant, met clairement en cause l’insuffisance de fonction adaptatrice chez la mère (mère au sens de Winnicott). Il a en effet écrit :(La pratique du packing avec les enfants autistes et psychotiques aujourd’hui en pédopsychiatrie : http://www.cairn.info/pratique-du-packing--9782749207735-p-11.htm )

    « Qu’en est-il alors de la constitution des représentations et notamment de ce qui en conditionne la possibilité, la fonction contenante dans ses aspects d’acceuil et de transformation des éléments bêta (Bion) de l’enfant. C’est parce que l’enfant se sent contenu dans la psyché maternelle que ses besoins trouvent des réponses adaptées. Cette fonction décrite par Bion, notamment sous le nom « d’appareil à penser les pensées », permet à l’enfant d’intérioriser progressivement la pertinence des réponses apportées, leur rythme, les variations de ce rythme, et ce faisant d’en intégrer les invariants sous la forme de représentations stabilisées. Cette fonction que je nomme aussi « fonction phorique » réside dans la présence adéquate sans plus (traduction du good enough mother de Winnicott par Joyce McDougall) de la mère ou de son représentant dans un climat secure (Bowlby, Ainsworth). Dans certains cas, le bébé présente une vulnérabilité qui nécessite une adaptation dans l’interaction ; si cette fonction adaptative ne s’exerce pas de façon suffisante, des difficultés vont apparaître chez l’enfant sous la forme de signes pathologiques qui peuvent aller jusqu’aux symptômes autistiques graves tels que l’hypertonie et l’agrippement pathologiques, les automutilations qui à leur tour entraîneront l’enfant dans un cercle vicieux duquel il ne pourra sortir seul. Ses capacités de « mantèlement » (Meltzer) en souffriront et une intervention extérieure sera alors nécessaire pour l’amener à lâcher ses défenses pathologiques devenues également pathogènes. »

    • Le document cité date de 2007 : peut-être est-il obsolète ?

      Dans ce cas, il ne représenterait pas la pensée actuelle de Pierre Delion.

      J’avoue cependant ne pas bien comprendre cet exposé.

    • Ce message avait pour objet de mettre en avant que dire que l’étiologie de l’autisme demeure inconnue (comme dans la lettre)est en contradiction avec le fait d’affirmer que la mère n’est pas suffisamment adaptative(comme dans le texte du Pr Delion).

      à ma connaissance, le Pr Delion n’a pas publié d’errata. Il n’y a donc pas de raison que ce texte ne représente pas sa pensée actuelle.

    • Je me permets de faire une remarque concernant la rhétorique des adversaires de Pierre Delion. De manière systématique, un lieu commun apparaît dans les discours qui lui sont hostiles (et je suis gentil quand je dis « hostile » !) : l’image de la mauvaise mère. On lui reproche l’usage du terme « fonction non adaptive ». A partir de cet argument, on attaque Pierre Delion en disant qu’il culpabilise les parents en les rendant responsables de la pathologie de leur enfant.

      Or, il me semble que cette fonction adaptive devrait être analysée dans son contexte clinique. Pierre Delion s’appuie sur cette fonction adaptive de la mère pour soigner les enfants autistes. Ils ne culpabilisent donc pas les mères. Par exemple, après un packing, un enfant autiste se met à chanter « A là ! Ah là ». Ne comprenant pas les mots énigmatiques de son patient, il demande à la maman si ça lui dit quelque chose. Emue, elle répond : « je lui ai chanté « A la claire fontaine » au moment de l’endormir quand il était bébé ». C’était la preuve que l’enfant était capable d’être dans l’échange. Elle montre aussi que la mère, malgré la pathologie de son enfant, a été là pour lui. Cette fonction adaptive est utilise dans le travail thérapeutique.

      Alors, on peut citer une phrase hors de son contexte théorique, hors de son contexte clinique. Faut-il rappeler que tout être humain selon Bion porte en lui un aspect sain et pathologique ? Faut-il rappeler que nous avons tous et toutes un aspect non adapté à la réalité ? Faut-il rappeler que la psychothérapie est là pour réparer, ce qui a été brisé par la vie et non briser les familles ? Si l’on ne prend pas en compte les présupposés de la psychothérapie institutionnelle, on fait dire tout et n’importe quoi à tout le monde. Ce lieu commun utilisé par les adversaires de Delion commence à sentir mauvais. A force de l’utiliser, il devient un lieu de repli où fermente la bêtise.

    • Je ne voulais pas accuser le Pr Delion mais simplement faire remarquer que cette lettre qui doit le défendre n’est pas cohérente avec ce qu’il a écrit. En médecine, l’étiologie est l’étude des causes et des facteurs d’une maladie. Affirmer un facteur de l’autisme, quel qu’il soit, est donc en contradiction avec l’affirmation de la lettre qui est : l’étiologie de l’autisme demeure inconnue.

      Dans ce texte, Pr Delion ne culpabilise pas la mère, il parle d’abord d’une vulnérabilité de l’enfant puis dit que de l’aide est nécessaire. A aucun moment, il ne dit à aucun moment, que la mère est coupable, il l’inclus d’ailleurs dans la constellation transférentielle, comme vous l’avez vous même fait remarquer à propos de Yoann qui dit « à la » lors d’un pack mémorable.
      Je n’ai pas sorti une phrase de son contexte, j’ai de plus, cité la référence, ce qui vous permet de vérifier ma citation et d’en connaître le contexte. En ce qui concerne l’implication de la mère dans l’étiologie de l’autisme, vous pouvez lire un article très intéressant du Pr Delion téléchargeable sur ce même site :
      http://www.michel-balat.fr/Mecanismes-autistiques.html

    • Je crois que beaucoup de spécialistes de l’autisme reconnaissent que ses causes résultent de nombreux facteurs et paramètres. Face à l’inconnu, il est nécessaire d’avancer dans le vide, c’est potentiellement la promesse de l’aube. Je relirai ce texte. Merci de votre réponse.

  • PACKING : Assez de tromperie, de manipulation et de calomnie
    La pétition diffusée actuellement par les psychiatries psychanalystes, qui fait une levée de boucliers, est trompeuse et manipulatrice des professionnels de la santé et du médico-social.
    VAINCRE L’AUTSIME ne c’est jamais opposée à une étude SCIENTIFIQUE, si elle peut avoir lieu selon les règles de la médecine factuelle, mais elle crit...ique fortement le PROTOCOLE de l’étude que le Pr Delion souhaite mettre en place et qu’on attend depuis 2008... Par contre VAINCRE L’AUTSIME exige du gouvernement un moratoire sur le Packing, l’arrêt de son application, sans validation ni évaluation, sur les enfants autistes et l’arrêt de son financement par les deniers contribuable. Le reste se sont des actions juridiques qui suivent leurs chemins, longs mais certains...

  • Je trouve qu’il est très difficile pour les parents de comprendre les conditions de prescription du packing. C’est à dire que, les critères de prescription du packing ne sont pas les mêmes dans tous les documents. Voici quelques exemples :

    Dans l’article paru dans psychomédia (mai-juin 2011 page 61) et écrit par Christine Condamin qui a interviewé le Pr Delion, seules des automutilations graves (œil ennuclée) sont mentionnées.

    Ailleurs, (Dans le document que j’ai déjà cité : La pratique du packing avec les enfants autistes et psychotiques aujourd’hui en pédopsychiatrie : http://www.cairn.info/pratique-du-packing--9782749207735-p-11.htm ) Pr Delion a écrit : « En ce qui concerne les enfants, cette pratique, dont Boyer et Favre parleront dès 1985, a surtout été consacrée d’abord à la question des enfants autistes automutilateurs et à celle des enfants psychotiques hyperviolents. Depuis ces premiers temps du packing en pédopsychiatrie, les indications se sont ouvertes et affinées. Aujourd’hui, de très nombreuses équipes prenant en charge des enfants autistes et psychotiques ont recours à cette technique. » Dans la suite du texte, on trouve que l’ouverture des indications concerne l’hypertonie et l’agrippement pathologiques qui seraient des signes graves au même titre que les automutilations.
    (L’agrippement pathologique est lié à l’identité adhésive, en effet, l’enfant soumis aux angoisses archaïques va avoir tendance à s’agripper, soit à une personne qui arrive à une heure inhabituelle, soit à lui même, et plus précisément à sa musculature d’une façon générale, avec phénomène de seconde peau musculaire. Il s’agit de la phase autistique maximale qui trouve un mode résolutif dans la récupération des premières enveloppes que permet le packing.)

    Dans le rapport HCSP, (http://www.hcsp.fr/docspdf/avisrapports/hcspr20100202_packing.pdf) on va trouver (page11) : « Les indications sont généralement limitées à des situations dramatiques : automutilation (c’est l’indication prioritaire), crises clastiques avec agressivité, agitation extrême ou, à l’inverse, catatonie », suivi à la même page de « toutefois, il semble que dans quelques équipes, le packing soit, davantage que dans d’autres, envisagé comme un traitement de fond et utilisé plus souvent. ». Ceci montre que les critères de prescription dépendent de l’équipe soignante.

    Je voudrais finir en faisant remarquer que durant toute la durée du reportage, les deux enfants qui figurent dans le reportage de TV5, ne se sont pas agrippés, n’ont pas présenté de stéréotypie, ne se sont pas automutilés et se sont montrés particulièrement dociles.

    • Vous avez raison Cygne, il y a bel et bien des équipes qui pratiquent le packing selon des modalités qui leurs sont propres tout en se réclamant inspirés par P.Delion mais s’écartent souvent de sa méthodologie et causent du tort à P.Delion.
      Il faut rendre à César ce qui est à César, si l’application du Packing s’en tient au cadre que définissent Pierre Delion et David Cohen, c’est une option valable si on a vraiment rien d’autre.

    • Effectivement, dans cette lettre on peut lire que le Professeur Pierre Delion a maintes fois rappelé que « le packing ne concerne que quelques enfants porteurs de TED/TSA lorsqu’ils présentent des signes graves voire gravissimes de troubles du comportement ». Pourtant, il est bien évident qu’Omar et Manon ne présentent pas de signes graves.

      Si certaines équipes s’écartent des modalités, c’est le Pr Delion qui les a formées et il ne dénonce pas leurs abus. Stéphane du reportage et le Pr Delion ont d’ailleurs participé tous les deux au 1Oème congrès « Corps et Psyché » à Biarritz les 14 et 15 octobre 2011. http://corpsetpsy.canalblog.com/archives/2010/12/27/19980465.html

    • Je me souviens aussi que la petite fille du reportage de France 5 ne voulait pas de ce packing.
      Là aussi je suis tout à fait d’accord avec vous Cygne, si il y a un reproche à faire, c’est bien à ce manque de clareté, la contradiction entre ce qui est dit et ce qui est fait dans ces établissements. Je doute que P. Delion ne sache pas, car si mes sources ne se trompent pas, P Delion connait cette équipe et notamment le psychomotricien.
      Peut-être pourra t-il répondre à nos questions sur ces points sachant qu’il fréquente ce blog.

    • J.-L. Goeb et al. / Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 57 (2009) 529–534

      « Les packings entrent dans le cadre d’un projet de soins individualisés en accord avec les parents. Ils n’ont jamais lieu quand ils sont refusés par l’enfant. »

    • En effet, pour avoir pratiqué le paking au sein de notre hôpital avec une jeune adolescente dans un état permanent de grande souffrance psychique, avec des manifestations d’agressions et d’automutilations. Jamais nous n’aurions pu le faire contre son gré.Il lui arrivait même de le réclamer. Cela requiérait un investissement conséquent pour l’institution. Je garde de ces moments, le souvenir d’une détente, parfois l’endormissement.
      Enfin un peu d’apaisement pour elle et pour nous de pouvoir la rencontrer autrement c’est à dire sans crainte de part et d’autre.

    • « Les packings entrent dans le cadre d’un projet de soins individualisés en accord avec les parents. Ils n’ont jamais lieu quand ils sont refusés par l’enfant » : cette phrase est en complète contradiction avec ce que l’on voit dans le reportage. Manon refuse le packing, pourquoi donc Stéphane la harcèle-t-il ?
      D’autre part Omar, et Manon ne sont ni en état permanent de grande souffrance psychique et personne ne les craint. Ils sont bien loin de la description que vous faites de la jeune adolescente.

    • Je me souvenais autre chose de ce petit film de la pomme bleu et je l’ai vérifié :

      Dans ce petit film je vois deux éducateurs avec Manon, qui ne veut plus de son packing. Le psychomotricien lui explique en lui serrant de ses deux mains le haut du corps doucement, rythmiquement et fermement à la fois et de façon symmétrique. Quand je regarde cette séquence je peux m’imaginer (par mes circuits de neurones de miroir ?) comment ça donne un sentiment de "rassemblement" et ça me fait penser à un père africain qui racontait de son fils qu’après chaque crise de colère il paraissait "se rassembler" comme s’il était tombé en morceaux avant. Manon accepte cette intervention psychomotricienne et tourne un peu son regard dans la direction du thérapeute, puis met sa tête contre l’épaule de l’autre adulte présent à sa gauche. Le psychomotricien prend doucement la main droite de Manon, qui la retire. Il la retient un peu, en ajoutant un peu de résistance, cette main qui se glisse de la sienne, comme s’il voulait lui faire sentir tous les points de contact entre la peau de sa main et la main qu’elle quitte. J’ai l’impression que la fille est bien entouré et qu’il y a une sorte de choréographie implicite entre les trois, où les personnes à sa gauche et à sa droite sont investis tous les deux d’une autre façon par elle. La personne à sa gauche est plutôt un appui, par sa voix qui commente, par sa présence physique tranquille qui peut la soutenir quand elle est en contact avec le thérapeute à sa droite.

      Le thérapeute l’invite à venir toucher les draps (déjà sur le lit, pour le packing), ce qu’elle fait délibérement. Elle touche les draps et se penche sur le lit, s’appuyant sur ses coudes. Elle écoute attentivement l’explication de l’adulte corps et regard tournés vers lui. Elle tape les draps de ses mains. Elle sourit puis regarde par la fenêtre où elle voit les enfants qui jouenet. On peut penser qu’elle a envie de les joindre. Elle se penche vers le psychomotricien qui continue son explication. Elle veut s’en aller puis est tenu par le poignet par lui, qui lâche son poignet quand elle est assise. Elle présente un moment de stéréotypies en basculant sa chaise. L’éducateur la prend sur ses genoux en la tenant bien, toujours en lui parlant. Il la tient entourée de ses bras et il ajoute du rythme : il alterne entre serrer fort et moins fort. Elle sourit mais essaie en même temps de se mordre le poignet ce qui lui est empêché par la tenue, mais sans que ça se dramatise.

      Où est le harcèlement : de parler à un enfant, lui donner des explications, lui montrer, inviter, doucement toucher la main - qu’elle retire ce qu’il lui permet ? Ou est-ce que c’est harceler un enfant quand on la (re)tient bien, dans les bras, sans violence, avec respect ?

      Est-ce qu’il est possible qu’il y a différents façons de regarder, de sorte qu’on voit le monde différemment ?

    • Ce message a été envoyé par Mileen Janssens qui a oublié de le signer.

      Michel Balat

    • Pour être sur que nous parlons bien du même document france 5 - le reportage sur la Pomme Bleue.

      http://www.dailymotion.com/video/x1qp34_autisme-france-5_tech

      En effet ici - de mon point de vue - il n’y a pas de gros problème, en ce qui concerne la gamine le psychomotricien propose le pack il insiste un peu en la faisant sentir les draps pour voir si elle changerait pas d’avis etc, et le petit Omar est manifestement devenu un habitué.

      J’ai un contre-exemple, ou ça ne se passe pas aussi bien,
      mais il faut là rendre justice à l’auteur qui ne néglige pas les détails de son récit.

      http://psycause.pagesperso-orange.fr/033/033_regards_croises_de_soignants_a_p.htm

      Ce exemple n’est pas unique, en fait c’est ce qui peut arriver avec n’importe quelle pratique dès lors que les soignants ne sont pas correctement formés.

      On ne parle pas beaucoup des comportements bizarres et inattendus qui apparaissent en dehors de l’institution et qui ont une relation assez évidente. (Je pense par exemple à une gamine qui essayait d’entrer dans le frigo de la cuisine parce qu’elle recherchait le froid, ça prête à sourire mais pensz aussi aux accidents possible).

      Je pense aussi à un enfant qui a développé des troubles de comportement suite aux packs (et il ne voulait plus aller à l’IME, il piquait des crises quand ses parents voulaient l’y conduire) et cela à mené ses parents à découvrir que contrairement à ce qui est recommandé, les parents n’avaient dasn ce cas pas été mis au courant.

      Problème de communication des équipes soignnates avec les familles ? Désir d’expérimentation sans formation had-oc d’une technique apparaissant de prime abord inoffensive ? Tout cela amène matière à critiquer.

      Prenons l’exemple des témoignages sur certains discours tenus par des psychologues aux parents et leur enfants, mais on peut parler des pratiques en général

      Je cite Bernard Golse : "C’est pas parce qu’il y a quelques mauvais chirurgiens qu’il faut interdire la profession".

      Je vais prolonger son raisonnement, lorsqu’un chirurgien se rend coupable d’une faute professionelle, ou plus simplement qu’il y a une plainte du patient le chirurgien peut-être sanctionné.

      Quand un chirurgien vous fait une ligature digne du monstre de Frankenstein ou qu’il vous coupe une jambe au lieu de l’appendice, on a une preuve manifeste et incontestable d’un dysfonctionnement.

      Dans un cabinet de psy ou dans un institut, c’est déjà moins évident. Si quelqu’un veut faire entendre sans ambiguité les discours qu’on lui a tenu dans un cabinet, il faut enregistrer ça sur son mp3.

      A mon sens, si la profession de psychologue (j’entend dans le contexte de ce forum ceux qui se réfèrent à la psychanalyse mais je n’oublie pas les autres écoles que ce soit celles des comportementalistes, et celles des thérapies brèves qui peuvent se retrouver face aux mêmes problèmes) veut retrouver le crédit qu’elle a perdu, elle devrait sérieusement envisager de mieux contrôler la qualité des interventions de ses professionnels et cela implique aussi le droit des parents et patients de demander des comptes.

      Qu’en pensez vous ?

    • Bonjour,
      il s’agit bien du même film.
      Vous dites que vous vous souvenez d’autre chose, c’est exact, vous vous souvenez surtout de votre interprétation de chacun des gestes. Les gestes que vous décrivez ont effectivement été faits mais leur interprétation est bien évidemment subjective. La mienne est très différente de la votre.

      Quand je parle de harcèlement c’est la lourdeur de l’insistance de Stéphane que vous traduisez très bien dans la longueur de votre description. Dans la mesure où Manon a dit non, on ne devrait plus la packer. Vous écrivez d’ailleurs dès votre première phrase : Manon ne veut plus, alors pourquoi insiste-t-on aussi lourdement ?