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Loczy, par Emmi Pikler

vendredi 17 juin 2005, par Michel Balat

Préambule

L’Institut LOCZY est une pouponnière où les enfants vivent 24 heures sur 24, privée momentanément ou définitivement de leur famille.

Les enfants peuvent avoir quelques semaines ou quel¬ques mois quand ils arrivent, ils peuvent vivre dans cette institution jusqu’à l’âge de trois ans, mais ils sont en général adoptés avant cet âge.

Dirigé par Mme le Dr. Emmi PIKLER, l’institut fonctionne depuis 1946.

Les articles qui suivent ne prétendent pas faire connaître au lecteur le travail et les principes de fonctionnement de 1’institut ; ils en donnent simplement quelques images. Mais ils illustrent bien les deux niveaux de préoccupation de l’équipe de LOCZY. Faire un travail quotidien minutieux et réfléchi, assumant entièrement l’immense responsabilité face à chacun des enfants qui leur sont confiés (enfants qui ne reçoivent aucun autre apport leur permettant de devenir des personnes à part entière). Réfléchirpar ailleurs sur ce travail, en tirer des enseignements particuliers ou à portée générale : ce qui vaut pour l’enfant en institution, en collectivité, nais aussi ce qui vaut pour l’enfant tout court. C’est cette attitude globale par rapport à la première enfance qui fait que les leçons de l’expérience LOCZY dépassent singulièrement son propre cadre.

DANS LES POUPONNIERES. par Dr. Emmi PIKLER

Ma conférence a pour thème un groupe de symptômes d’hospitalisme qui, contrairement au syndrome déjà décrit, ont une caractéristique remarquable : la détérioration des enfants ne se présente pas sous des aspects essentiellement négatifs.

En Hongrie, comme partout ailleurs dans le monde civilisé, les institutions s’occupant de l’éducation des enfants bien portants de moins de trois ans, ont connu, au cours de notre siècle, un développement considérable. Le syndrome d’hospitalisme, responsable de la mort de la majorité des enfants, observé et décrit au début de ce siècle par PFAUNDLER chez les petits enfants qui, après la guérison restent à l’hôpital, puis par SPITZ chez les nourrissons vivant dans des pouponnières, appartient déjà, sous sa forme classique, au passé. Dans la plupart des institutions les enfants restent, de nos jours, généralement en vie. Cependant des enquêtes précises ont prouvé que le taux de mortalité est, aujourd’hui encore, dans ces institutions, plus élevé que le taux moyen dans cette tranche d’âge, et ceci aussi bien dans le reste du monde que chez nous.

Les petits enfants élevés en institution restant, à l’heure actuelle, généralement en vie, les anomalies du développement de la personnalité se sont manifestées à l’âge adulte chez les anciens élèves d’internats dès le milieu de notre siècle, ce qui constitue un problème nouveau.
Sur la base des données recueillies dans le monde entier à la demande de l’Organisation Mondiale de la Santé, BOWLBY a constaté (1951, p. 31, l957,pp. 3437) que la plupart des individus élevés en dehors du cadre familial pendant les premières années de leur vie présentent des troubles particuliers de la personnalité qui se manifestent en premier lieu par le caractère superficiel des relations sociales, par la difficulté de réprimer les émotions et, parfois, par le caractère limité des fonctions de notion et de perception. Des troubles tardifs de la personnalité apparaissant également dans le cas où les enfants retournent dans leur famille après 1, 2, 3 ans, ces quelques années peuvent être considérées comme la cause déterminante de ces troubles. HIRSCH a fait les mêmes constatations (1962) au cours d’examens catamnestiques effectués en Hongrie.

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