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Lundi 18 : Audi. Vide. Sile. + Un spectacle de Guy Freixe
dimanche 3 juillet 2005, par
Audi. Vide. Sile.
Le 14 juillet, comme tous les ans, nous avons eu droit au défilé réglementaire du fleuron de l’armée française. Cette année, pour la première fois j’osais sortir, et quelle n’a pas été ma surprise de découvrir Paris envahie par la troupe. Opéra était le théâtre des opérations de la Légion Etrangère. Elle exhibait ses chars, ses canons, ses médailles, invitant les passants à visiter ses engins verdâtres. Des militaires isolés patrouillaient un peu partout, s’arrêtant à la demande pour un portrait. Alors que l’opération Vigipirate renforcée est en place depuis les attentats de Londres, ces militaires en goguette ajoutaient malgré tout une touche de couleur bienvenue à la gendarmesque.
L’armée a pris ses quartiers depuis longtemps dans les gares, les métros et les lieux officiels, mais sa présence dans la rue était une nouveauté. A chaque pas, devoir supporter la vue d’un homme en uniforme, mitraillette au bras, est une expérience stressante. Depuis des années, je ne voyais, excepté les domestiques, les militaires qu’à la télévision, en opération, loin d’ici. Cette proximité, angoissante, m’a toutefois rappelé que la présence d’uniformes est un signe d’anormalité, signe que nous ne sommes pas dans l’ordre des choses. Même si dans ce cas précis, c’était plus une opération de communication qu’une opération proprement dite.
Le spectacle de l’armée en ville évoquait un autre spectacle. Tous les jours face à la presse, je suis en passivité, je regarde défiler des pages de choses retranscrites, souvent identiques. Je sais que jamais je ne serai en mesure d’en modifier une, de répondre à l’écrit par mon écrit, d’apporter dans le numéro du lendemain une modification quelconque. La page est là, autonome, s’imposant à moi. Ainsi se vit la presse au bout d’un certain temps. On la regarde, sans rien dire. La passivité face au média ne peut se combattre que par la connaissance de ce qu’il transmet. Il faut à la presse répondre par l’Histoire, à la télévision par l’action, à la politique par l’engagement.
Certains le font. Ai-je le choix ?
Regarde. Ecoute. Tais-toi.