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Ménage, Espace, Psychose

P. Dejuan, F. Drogoul, L. Giraudon, S. Leclerc, A. M. Leroux, S. Moreau, M. Papon, E. Vaillant. Texte rédigé par M. Lecarpentier

vendredi 17 juin 2005, par Michel Balat

Cela va de soi, faire le ménage est une nécessité pratique dans un établissement de soin. Propreté, hygiène, sécurité des locaux sont des impératifs. Cette tâche est confiée à un personnel spécialisé, le matériel, choisi par l’administration, est silencieux pour ne pas gêner la tranquillité des malades. Des consignes précisent même souvent de ne pas leur adresser la parole : discrétion, effacement, contact minimum sont garants de la neutralité requise pour que les soins soient assurés dans les meilleures conditions. La monotonie, la routine, le practico-inerte imposent leur style uniforme.

Il s’agit de s’occuper de l’entretien des chambres, des zones de circulation, et d’assurer la maintenance des pièces et des installations : la logique prévalante est de gestion immobilière Le personnel est confiné statutairement dans la répétition des gestes de la division du travail, aliéné par la mystique magico-technique de la hiérarchie hospitalière.

Dans un établissement psychiatrique, il importe de remettre en question ce mode de penser qui appréhende l’espace sans tenir compte de la manière dont il est investi, vécu par les malades. Comment accueillir quelqu’un qui, du fait d’un processus psychotique, se trouve nulle part, errant dans le monde des choses, interpellé par les signes qu’il s’efforce de déchiffrer dans une démarche infinie vers l’inaccessible, en proie à la menace de l’étranger, du tout autre ?

Comment accueillir quelqu’un qui n’a pas la possibilité de distinguer un lieu d’un autre, étant lui-même différent d’un moment à l’autre ?