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Muser, inscrire, interpréter

De la sensorialitéà la parole, Vernazobres-Grego eds., 1998

mercredi 15 juin 2005, par Michel Balat

Comment donner la réplique à Diderot ! Trouver des phrases à la hauteur des dialogues du Neveu de Rameau ! D’autant que l’intervention de Mme Choklair était très forte et nous rappelle que dans ces débats de congrès, il est parfois presque facile d’oublier qu’il y a un monde qui presse, avec les réalités politiques et sociales du moment, qui sont là, et qui, lorsqu’elles font éruption de manière aussi forte, sonnent presque comme un rappel à l’ordre, dévoilant notre aliénation et notre honte. Je ne peux m’empêcher de citer ici ce passage d’une chanson de Brassens :

« Honte à cet effronté qui peut chanter pendant

Que Rome brûle, ell’brûl’ tout l’temps. »

En fait la question dont nous pourrions partir est celle posée par le titre même du colloque. « De la sensorialité à la parole ». Y a-t-il un chemin de la sensorialité à la parole ? S’il n’y a pas la parole, comment peut-on aller de la sensorialité à la parole ? Y a-t-il d’abord la sensorialité, amenant quelques phonèmes de ci de là, qui s’organisent à peu près entre eux, pour parvenir, au bout du compte, à cette magie extraordinaire qu’est la langue, mais si mal utilisé, si mal fichu pour rendre compte des phénomènes sensoriels, que la sensorialité nous paraît bien misérable pour avoir accouché d’un si faible produit.