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PSYPROPOS 2009 : LUNDI 23 MARS 2009

lundi 23 mars 2009, par Michel Balat

LUNDI 23 MARS 2009 Psypropos 2009 c’est parti !

Conférence inaugurale

PSYPROPOS 2009
sur le thème :
Détour et répétition

Cristoforo Armeno raconte, dans un conte persan, que le roi Giafer de Serendip avait trois fils fort bien éduqués. Aucun d’entre eux n’acceptait de régner à la suite de son père. Alors, le roi les envoya parfaire leur instruction dans les pays étrangers. En route, ils rencontrèrent un conducteur de chameaux, qui en avait perdu un. Il leur demanda s’ils ne l’avaient pas vu par hasard. Les jeunes princes, qui avaient remarqué sur le chemin les pas d’un semblable animal, lui dirent qu’ils l’avaient rencontré et, afin qu’il n’en doutât point, l’aîné des trois princes lui demanda : « – Ton chameau n’est-il pas borgne ? » ; le second, interrompant, lui dit : « – Ne lui manque-t-il pas une dent ? » et le cadet ajouta : « – Ne serait-il pas boiteux ? » Le conducteur assura que tout cela était vrai… Subtile illustration de l’émergence de la trouvaille, par le détour qui donne à chacun une place irremplaçable dans son dialogue avec autrui.

Loin du conte et de toute mythologie, lorsque le maître moderne interdit le détour et fixe la ligne droite comme unique chemin sans horizon, son discours ne tend-il pas à effacer l’équivoque pour produire une société sans dire, un monde où seule vaut la norme, l’objectivation et la signification ? Eradication des troubles, multiplication des fichiers et des caméras, veille de l’opinion, politique sécuritaire, préjugés et prédictions, empire de la méthodologie et de l’évaluation : la réalité en pleine face oublie le sens et assigne au Réel. Plus question de métonymies, de métaphores, de rêves : chacun doit être transparent et conscient de l’être. Foucault ne s’y était pas trompé avec sa définition du panoptisme.

Pourtant, l’aptitude au détour – motif de l’invention, parcours labyrinthique ou rencontre inattendue – de même que la poésie ou la phrase musicale sont facultés d’accueillir le nouveau qui se présente toujours là où on ne l’attend pas. Et l’importance de la copie pour les artistes en est une illustration paradoxale : l’imitation n’est-elle pas indispensable à l’inscription, au savoir du corps ? La puissance créatrice de Picasso n’a-t-elle pas été, cette année, magnifiquement exposée au cœur des œuvres des Maîtres qui l’ont précédé ou côtoyé ? Tout enfant, en silence, imite ceux qui l’entourent et favorisent sa croissance.

L’expérience psychanalytique, qui propose l’errance dans la langue, enseigne que l’association libre, les formations de l’inconscient et le dispositif analytique même sont trois des conditions de l’émergence de la vérité subjective, via un trajet où l’intention s’efface devant la surprise, lorsque le sujet met au travail son inconscient et consent à entendre que se répètent les empêchements, les évitements, telles les embrouilles du désir.

Alors, propice à la rencontre, mêlé de répétition, le détour ne vaut-il pas également comme trace de la pulsion ou métaphore de la jouissance ? L’inédit ne s’espère-t-il pas, précisément, de se laisser pressentir comme déjà là, comme l’enseigne Lacan ? Ne s’inscrit-il comme événement que sur fond de répétition ? Qu’en est-il du concept de progrès et de ses formes modernes, scientifiques ou techniques ? De la répétition de l’Histoire si, comme le formule Freud, il n’existe pas de pulsion de perfectionnement ?

Conférence d’ouverture en juin 09 (info. ultérieure) Journées d’automne : à Blois le samedi 3 Octobre 09 Auditorium de l’Abbé Grégoire à Orléans le samedi 14 novembre 09 au Muséum des Sciences naturelles et peut-être en décembre une soirée avec Roland Gori (Appel des appels) qui n’est pas disponible pour les autres dates que nous lui avons proposées.

A suivre...