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Présentation du secteur

samedi 23 septembre 2006

Présentation du secteur 49 G. 03 du centre hospitalier spécialisé de Saintes-Gemmes-sur-Loire dans le Maine-et-Loire

HISTOIRE

L’histoire de ce service débute essentiellement le 10 septembre 1965 avec l’arrivée d’un médecin dénommé Jean Colmin. Cette histoire a été racontée essentiellement dans trois ouvrages : en 1975 la thèse de Marie-Françoise Leroux récemment éditée aux éditions du champ social ; en 1980 le livre de Jean Colmin intitulé l’aventure du quartier Ney publié aux éditions du scarabée des CEMEA ; en 2002 un livre d’Alain Buzaré publié aux éditions du champ social sous le titre « la psychothérapie institutionnelle, c’est la psychiatrie ! »

Avant 1965, c’est l’asile : certains pourront trouver ce rappel historique quelque peu inutile, mais je pense, et aujourd’hui encore plus qu’hier, que nous n’en ferons jamais assez pour éviter que cela ne revienne. « L’oubli de ces réalités continue à faire le moteur de la persévérance » nous dit à ce sujet Lucien Bonnafé.

L’hôpital psychiatrique départemental est alors organisé en services d’hommes et services de femmes, séparées d’une allée centrale et de grilles bien solides. Il y a trois services d’hommes : les admissions sont faites les jours pairs au service B. les jours impairs au service C et les jeudis (pair ou impair) au service A. Le service C. des hommes futurs secteur 3 comporte quatre pavillons désignés par des numéros (1, 2,4 et 8 ) renfermant, à double tour, chacune des catégories de malades définies dans une optique typiquement asilaire (qui, sous d’autres vocables, revient actuellement à la mode...) :

— au pavillon 1 : 200 malades « calmes, tranquilles et travailleurs ».

— au pavillon 2 : 60 malades « entrants ». C’est le pavillon d’admission.

— au pavillon 4 : 90 malades « gâteux »

— au pavillon 8 : 50 malades « difficiles, agités »

Chacun des pavillons bénéficie d’une architecture externe et interne de type carcéral avec grilles, sauts de loup, dortoirs et chambres cellulaires et dont certains stigmates persistent encore au regard averti ou resté vigilant. Les salles à manger, les cours grillagées et les couloirs sont les seuls lieux « collectifs ». Privés de leurs objets personnels, habillés de l’uniforme asilaire, privés de visite pendant 15 jours, les patients sont alimentés dans des écuelles en aluminium avec une cuillère pour tout couvert.

La superposition des différents systèmes hiérarchiques explique le fait qu’à tous les niveaux, le personnel vit dans la crainte de la sanction et le malade, de ce point de vue est celui qui, par son comportement en cas de fugue ou de suicide, peut provoquer l’attribution de ces sanctions. Aussi doit-t-il vivre dans la plus extrême dépendance des infirmiers, être manipulable, irresponsables et passif. Toute tentative de protestation ou toute manifestation psychopathologique dérangeante est sévèrement réprimée (enfermement, entrave, etc.).

L’organisation de cette vie collective est marquée par de nombreux rituels : lever et coucher avec comptage des malades ; visite médicale quotidienne où tout le monde se met au garde-à-vous à l’arrivée du médecin-chef et du surveillant-chef son seul interlocuteur ; repas à heures fixes, distribution des médicaments, du tabac ; rituels de surveillance (de la porte, de la cour...), des rapports écrits, des fouilles systématiques, de la lecture journalière de tout le courrier arrivé ou en partance.

Ce monde clos est lui-même organisé en néo-sociétés closes, très hiérarchisées et qui n’ont entre elles aucune interpénétration : administrations, services médicaux, services généraux communiquent sous la forme de note de service, de rapports, de bons.