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Psychiatrie de Secteur, Réseau et constellation sanitaire et sociale

par Michel Lecarpentier

mardi 9 octobre 2007, par Michel Balat

Psychiatrie de Secteur, Réseau et constellation sanitaire et sociale

par Michel Lecarpentier

Toute thérapeutique pose la question de la continuité et de la discontinuité des soins, de la place qu’ils occupent par rapport aux investissements et inscriptions de la personne dans le champ social.
La politique de Secteur vise à cette articulation subtile et à la garantie d’une égalité des citoyens pour que chacun, quel que soit son lieu de résidence, son niveau de vie, sa pathologie, puisse avoir la possibilité de bénéficier de ce service public.
Le clivage du champ sanitaire et du champ social, leur mise en opposition d’abord sur le plan de leur financement puis sur le plan idéologique, n’étaient pas dans les prémices du Secteur. Tout au contraire, son objet semblait être de tenir compte et de prendre en charge l’aliénation psychique et l’aliénation sociale dans leurs effets conjoints et bien souvent de renforcement réciproque.
A la faveur de la « rencontre fortuite » de l’idéologie antipsychiatrique et des logiques technocratiques visant à réduire ou à contenir le poids économique de la médecine et de certaines de ses pratiques, la « dissection » de la psychiatrie s’amorça. La psychiatrie générale fut mise en question par le morcellement tendant à la diviser en spécialités dans la spécialité. Des spécialistes éminents trouvèrent alors une reconnaissance en répondant à des thèmes lancés par la « société », auxquels il était tentant de répondre, il faut bien le reconnaître. Beaucoup n’ont pas résisté à cette tentation et cette approche symptomatique fraya le champ de nouvelles identités : pour les professionnels dont le savoir faire particulier ouvrait un champ d’investissement à la quête identitaire des patients qui savaient dès lors ce dont ils souffraient, et pouvaient adhérer aux offres individualisées qui leur étaient dévolues. Les séquences proposées purent quelque temps trouver leur place dans le Secteur, mais progressivement, pour développer ces pôles de compétence partielle mais réputée réelle, l’idée se formula, de leur donner l’ampleur qu’ils mérite et de les rentabiliser dans leur excellence : le statut d’intersectorialité sembla la meilleure aux décideurs ; de plus en plus nombreuses sont les unités fonctionnelles qui l’acceptent ou le sollicitent. Se pose dès lors la question de la suite de ces prises en charge puisque chacun à la modestie de reconnaître ses limites, mais les conflits avec le secteur ou son éloignement, voire simplement les effets surajoutés de morcellement, de clivage, de cloisonnement, rendent problématique le « service après vente », d’autant que la possibilité d’un retour ou du maintien du contact n’est pas inscrit dans le projet de cette prestation.
La continuité au long cours est donc difficile à mettre en place, et de nombreux malades « tombent hors du monde » du Transfert. Étant donnée la gravité de leurs troubles qui résistent aux projets thérapeutiques intensifs mais de courte durée, certains se trouvent engagés dans des hospitalisations en moyens séjours puis en séjours de longue durée. S’impose, dans le même temps, la prévalence de doctrines d’incurabilité, de handicaps traités comme fixés, et pour lesquels un accompagnement social dépsychiatrisé, sinon démédicalisé serait le garant d’une citoyenneté « de droit commun » en milieu ordinaire.
Le nombre des mesures de protection a crû ces dernières années au point de concerner 1% de la population française, les urgences sont devenues un problème de Santé Publique, soulignant des problématiques non pas seulement en rapport avec les pathologies elles-mêmes, mais avec la difficulté du suivi et de l’admission en cas de nécessité.