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Secondéité pure et univers schizophrénique
vendredi 17 juin 2005, par
J’ai appelé ça « Secondéité pure et univers schizophrénique », et j’ai mis en exergue une petite phrase de Peirce que j’aime particulièrement ; je dois même dire que c’est elle qui m’a inspiré ces réflexions : « La secondéité du second, quelque soit celui des deux objets qu’on appelle second, diffère de la secondéité du premier, c’est-à-dire qu’il en va ainsi généralement. Tuer et être tué sont différents. Il y a de bonnes raisons d’appeler l’un des deux premier tandis que l’autre demeure second : c’est que la secondéité est plus accidentelle pour l’un que l’autre ». (I - 527)
Si cette phrase a accroché mon attention, c’est parce qu’elle m’a évoqué des situations cliniques que l’on peut ramener à une sorte de secondéité où « tuer et être tué » seraient équivalents.
Je commencerai par une banalité : dans la logique de Peirce, il semble que les catégories de priméité, secondéité et tiercéité sont indissociablement liées ; en particulier, nous ne pouvons penser la priméité et la secondéité qu’avec la pensée, c’est-à-dire à partir de la tiercéité.
On évoquait ce matin la thèse de Michel Balat (« Pierce, Freud, Lacan ») dans laquelle il établit une correspondance entre les catégories phanéroscopiques de Peirce et les catégories (respectivement : Imaginaire, Réel, Symbolique) de Lacan. Les trois catégories de Lacan sont elles aussi, indissociablement liées, l’image qu’il donne de leur mode de liaison est celle des annaux borroméens : que l’un des maillons se brise, et chacun des anneaux se trouve isolé, perdant du même coup tout sens, car dans cette triade, chaque catégorie ne reçoit son sens qu’articulée aux deux autres.