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Sur le pragmatisme de Peirce à l’usage des psychistes

Introduction

mercredi 12 mars 2008, par Michel Balat

Les responsables de cette revue m’ont demandé d’exposer la question du pragmatisme peircien. Sans doute ont-ils pensé que l’auteur de la première thèse « ès-lettres » française sur Peirce et psychanalyste, était qualifié pour le faire. Peut-être ont-ils pris un gros risque. Au lecteur d’en juger.

S’il est une chose lumineuse aux familiers de Peirce, c’est la distance astronomique qui s’est creusée au fils des décennies entre la conception commune du pragmatisme - telle qu’on peut la lire dans les rubriques « pragmatique » d’un dictionnaire quelconque, par exemple - et celle qui a été voulue par son inventeur. Le paradoxe est savoureux quand on songe que la philosophie dite du critical common sensism, du sens commun critique, en a été dérivée par Peirce lui-même. Mais en cette matière nous ne sommes pas au bout de paradoxes, comme nous le verrons.

Toutefois si le pragmatisme a été à ce point déformé par les effets qu’il a produit dans les esprits, est-il encore raisonnable de défendre une conception au cœur de laquelle sont, précisément, les effets pratiques. Car nous pouvons rappeler que, pragmatiquement parlant, la « somme des effets pratiques escomptés » d’une conception en est la signification même. Est-ce que tout n’est pas dit, et ne nous faut-il pas laisser le pragmatisme à ce qu’il est « pratiquement », pour penser à autre chose ?


Les Cahiers Henri Ey, N°1, printemps 2000, pp.83/95.