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TOUT CECI N’EST PAS NOUVEAU par Jean Oury

jeudi 22 janvier 2009, par Michel Balat

« Tout ceci n’est pas nouveau »

Lecture par Jean Oury, lors de la séance de son séminaire à Sainte-Anne (21 janvier 2009) du message qu’il a envoyé récemment aux « copains » :

ÉCOUTEZ !

Voici la transcription qu’en a faite Annick Bouleau, et qui sera intégrée aux prochaines ’prises de notes’ de cette séance du 19 janvier :

« TOUT CECI N’EST PAS NOUVEAU. »

Déjà à l’automne 1967, je dénonçais un avenir hyperségrégationniste lors des Journées sur l’enfance aliénée. Mais le temps passe. Et les retombées de 68 ont vu se développer très rapidement l’univers des gestionnaires. Pas simplement en psychiatrie, mais sur le reste de toute la médecine et de l’éducation. Tout le monde devenait client. Et la logique de l’entreprise s’est mise très rapidement en place. Nous sommes tous devenus des produits dans cette concrétisation de ’l’économie restreinte’.

On a vite reconnu le profil, appuyé naïvement par des idéologies pseudo-révolutionnaires complices de la transformation des hôpitaux de toutes sortes en machines administratives fonctionnant de façon ubuesque dans le brouhaha assourdi des tiroirs caisses. L’idéologie galopante — cours séjours, suppression des "malades", réduction drastique du personnel : infirmiers, médecins, etc, pseudo-concept de “santé mentale”, surencombrement paradoxal, logique pseudo-technocratique avec hyper-cloisonnement hiérarchique, etc.
La suppression de plus de 100000 lits en psychiatrie, des écoles d’infirmiers psychiatriques, le numerosus clausus des médecins, etc… qui s’est opposé vraiment à ça ?

Ça fait des dizaines d’années que nous dénonçons la destruction de la psychiatrie. Il a fallu beaucoup de bonne volonté ou d’inconscience politique pour en arriver là. Alors, maintenant, qu’un moustique, ou une puce, vienne s’agiter et proclame l’accomplissement de la destruction de la psychiatrie, de l’éducation, pourquoi pas ? bien que les puces transmettent la peste qui a toujours été une maladie internationale. Bien sûr, Hitler, aussi, était une puce qui a été lancée sur le marché par le grand capital. On en voit le résultat.
C’est pas fini ! surtout, soutenu par cette Armada de pseudo-sciences de toutes sortes camouflant sans trop le savoir une idéologie de mort programmée. Que ce discours de Sarkozy et toutes ses pirouettes nous réveille de la léthargie politique qui date de loin, nous pourrons peut-être en saluer l’opportunité.

Il est peut-être encore temps de profiter de cette occasion un peu sordide pour redéfinir collectivement ce qu’il en est de la psychiatrie et de L’ACCUEIL dans les services hospitaliers, accueil rendu difficile par le manque de personnel et la montée au pouvoir des idéologues pseudo-positivistes d’autant plus puissants qu’ils ignorent absolument le matériau sur lequel ils s’implantent. Mais qui les a laissé faire depuis si longtemps ? Qui s’est vraiment opposé à la montée d’un bureaucratisme aussi débile ?

Nous souhaitons que des regroupements se constituent à partir des réflexions concrètes de notre travail de base, contre ce cloisonnement de fausse hiérarchie, aussi bien en psychiatrie, en pédagogie, etc., cloisonnement d’une logique néopositiviste dégénérée, sorte de division du travail ridicule et tragique. Hegel ne disait-il pas déjà avant 1800 que la division du travail était une des bases de l’aliénation sociale. Après “68”, on avait essayé de mettre en place ce qu’on avait appelé des “collèges” de formation, de réflexion : ça n’a pas fait long feu, par l’infiltration d’une sorte d’intellingenstia absolument incompétente. Tout reste donc à faire, à se réunir, à se constituer en cellules de réflexion concrète, pourquoi pas ?

Cet article, rédigé par Annick Bouleau est tiré du site "Ouvrir le cinéma", dont elle est une des animatrice.

Messages

  • Encore une fois je ne suis pas d’accord !!! J’ai passé une partie de l’après midi en un lycée qui accueille un de mes "ex-autites" ... à noter qu’il a fallu une énergie énorme pour le sortir d’un lugubre hôpital de jour ... où à mon avis il n’aurait jamais du aller ...Y-avait que l’instituteur pour dire qu’il n’y avait pas sa place et on m’a demandé de l’aider de le sortir de là !!!... Il m’a fallu utiliser mon réseau très personnel pour qu’il fréquente un collège et y décroche son brevet ... et il est en seconde ...et ...et ...et ...mes plus sûrs alliés sont actuellement ...LES ELEVES DE SA CLASSE !!!.... Et pour cela il n’y a pas eu besoin ni de loi ni hiérarchie ni de dictateur !!!
    Ce n’est pas en se lamentant sur le triste sort réservé aux hôpitaux psy que l’on va faire avancer les choses !!! Certes ils sont parfois utile ... mais n’est -il pas tout aussi utile d’utiliser les énergies de tous et de chacun et de souhaiter que les "différents" trouvent leur place dans la cité ... Il est vrai que raisonner ainsi c’est remettre en cause la légitimité du psychiatre ... personnellement cela ne me gêne pas ... même si un certain diplôme me donne ce titre !!!... Faut-il rappeler qu’il en France plus de psychiatres que dans les autres pays européens !!! Alors dire que la psychiatrie va mal c’est aussi se dire que l’on a pas fait notre boulot comme il le fallait non ???...Me dire que des ados de 15-16 ans ont un discours et une attitude plus dignes que celui d’un nombre incalculable de grands penseurs de notre inconscient ... ça me réjouit ... parce que demain c’est eux qui vont accueillir les "différents" dans le mileu professionnel !!!... Je suis beaucoup plus inquiète pour le sort réservé par notre société aux "cas sociaux "...ceux là personne ne veut les voir et l’Education Nationale les a laissé tomber depuis lontemps !!!

    • Le problème tel qu’il m’apparaît, ce n’est pas "plus" ou "moins" d’hôpital.
      C’est un système qui pousse, voire contraint à une psychiatrie en "réseau" supposé préventif, mais en réalité "libéral" ( c’est à dire marchand ) dont la fonction attendue est l’intégration à un nouvel ordre moral ( qui n’a effectivement rien de nouveau ! ), une police de la pensée censée agir là où la moulinette économique n’a pas eu prise, et une incarcération sans juge, hospitalisation qui s’annonce comme plus carcérale qu’elle n’a jamais été ( et pourtant ! ). Moin de juges, (et quels juges ! ) plus de police et de prison, la misère les souffrances disparaissent, elles sont remplacées par de la délinquance et de la peur, plus aucun étranger ( pardon pour cet anachronisme : c’est déjà fait ). Dépénalisation ( par exemple de la diffamation ), plaider coupable ( pour ceux qui ont de quoi se payer des délits ), suppression de juges d’instructions qui entravent les affaires.., dépénaisation du président de la république, délinquance programmée en chiffre, avec obligation de "rendement" pour la police, comme pour la psychiatrie ; délit d’outrage ( sans preuve ) = jocker pour tout arbitraire policier et autres .. Application de la loi annoncée avant toute discussion du législateur ( publicité à la télé, mesures sécuritaires en psychiatrie publique etc.. ). Exemple de la haine, ( sauf pour l’argent ) du déshonneur, du mépris et de l’arrogance, contradictions flagrantes du pompier-pyromane .. etc ..
      tout ceci n’est-il qu’affaire d’interprétation et de pessimisme ( ou d’optimisme ) ?

      Avant Jean OURY, 1967, il y a eu Georges ORWELL .( Petit délire entre amis : "1984" c’était bien avant 1967 )

      Et la choa a hélas bien eu lieu !

      Et la France y a bien participé, comme J.Chirac l’a enfin reconnu.

      Mais De Gaulle, c’était la résistance, on a bien du mal a y voir le modèle revendiqué par Nicolas 1er et néanmoins unique.

      Et les intégristes, quels que soient leurs religions sont bons pour les affaires, les passions, les guerres.

      Et si je continue je vais devenir résistant ( j’espère ) intégriste ( Que je m’en garde ! )


      Rien de nouveau, effectivement, à peine le style.