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Un compte-rendu critique sur Lovaas par Mileen Janssens

mardi 29 décembre 2009, par Michel Balat

Centre for Health Services and Policy Research. Autism and Lovaas treatment : A systematic review of effectiveness evidence, 2000.

Pour ceux qui aiment lire en anglais : une étude très critique de la scientificité des recherches de Lovaas. Cette étude a été demandée par trois ministères du gouvernement provincial de Colombie Britannique (Canada), Santé, Enfants et Familles et Education. Elle a été réalisée par la « British Columbia Office of Health Technology Assessment (BCOHTA) » Ce qui est bien expliqué : à quelles exigences scientifiques les recherches de Lovaas ne répondent pas. On peut également lire des critiques fondamentales.

Ces 3 ministères ont demandé cette étude à la suite d’attaques judiciaires de la part de certaines groupes qui réclamaient des « traitements ABA » pour leurs enfants autistes.

Selon les auteurs l’influence de la presse joue un rôle important dans l’image qu’on se fait à présent de la problématique de l’autisme et des traitements ou thérapies.

« Si une thérapie ou un programme donnant un espoir de « remède » sont présentés à ces familles confrontées à de grands défis, l’impact sur eux peut être important. Et (…) la possibilité existe que les décisions finales de financement et de projet de programmation soient influencées : les décideurs politiques sont après tout eux-mêmes hommes et femmes de famille. »

Dans le paragraphe Behaviour Modification Therapy (p. 4) les auteurs soulignent la différence entre la thérapie comportementale, les « thérapies psychologiques » et les « thérapies médicales ». « Le but des thérapies psychologiques est d’améliorer le comportement humain de façon indirecte par le développement de la compréhension de soi. Selon le modèle psychanalytique Freudien classique une thérapie intensive efficace amène à un changement pénétrant et de longue durée. Mais cette approche thérapeutique – contrairement à la thérapie comportementale – demande une formation intensive par des thérapeutes spécialisés. Par contre la thérapie comportementale est plus adaptée à l’entraînement de parents et enseignants de sorte qu’ils peuvent jouer un rôle souvent important dans la thérapie elle-même. »

Les auteurs ne se penchent que sur les recherches concernant les thérapies comportementales. Il semble qu’ils ne soient pas au courant des adaptations des psychothérapies psychanalytiques pour les patients autistes.
Ils laissent de côté la question de savoir s’il vaut mieux allier des points de vue et des façons de faire ou si au contraire il faut continuer à améliorer les pratiques éducatives (les deux dans le sens alchimique). On peut se demander – et je le fais après lecture de Utah Frith. Autism. A very Short Introduction (2008)– si l’augmentation du diagnostic d’autisme ne va pas de pair avec l’augmentation des contraintes culturelles à s’adapter de plus en plus aux exigences économiques qui changent de plus en plus vite

Résumé de l’article

This systematic review examined whether early, intensive behavioural therapy for children with autism results in normal functioning, or essentially a cure. The scientific validity of this curative claim is central both to legal proceedings brought on behalf of several children in British Columbia against the Province seeking an intensive behavioural program ; and to cost-benefit analyses and clinical guidelines used for planning autism treatment programs.

The report concludes that, while many forms of intensive behavioural therapy clearly benefit children with autism, there is insufficient, scientifically-valid effectiveness evidence to establish a causal relationship between a particular program of intensive, behavioural treatment, and the achievement of ’normal functioning’.

Traduction

Ce compte-rendu systématique examinait si les thérapies comportementales précoces, intensives des enfants qualifiés d’autistes aboutissent à un fonctionnement normal, ou essentiellement à une soin. La validité scientifique de cette revendication curative est centrale, tant pour les procédures légales intentées au nom de plusieurs enfants en Colombie Britannique qui suivent un programme comportemental intensif, que pour les analyses bénéfices-coûts et les directives utilisées pour la conception des programmes de traitement de l’autisme.

Le rapport conclut que, même si plusieurs formes de thérapies comportementales intensives bénéficient clairement aux enfants déclarés autistes, il y a des preuves effectives insuffisantes et scientifiquement valides pour établir une relation causale entre un programme particulier de traitement comportemental intensif et la réalisation d’un ’fonctionnement normal’.

http://www.chspr.ubc.ca/files/publi...

Messages

  • Cette étude date quand même de 2000.

    Depuis, d’autres études sont parues. Plutôt nombreuses. Et nous bénéficions notamment d’une synthèse, écrite en 2007 et en français, le rapport " Interventions éducatives, pédagogiques et thérapeutiques proposées dans l’autisme : une revue de la littérature" (rapport DGAS dirigé par Amaria Baghdadli - CRA Languedoc-Roussillon).

    Le rapport montre qu’il y a relativement peu de preuves scientifiques - mais la méthode ABA en a quand même quelques unes. Cela ne permet pas de savoir si elle doit être utilisée de façon intensive ou non, de façon exclusive ou plutôt pour des "hauts niveaux" ou TED "non spécifiés".

    En tout cas, toute méthode considérant les parents comme partenaires et non comme responsables ou patients eux-mêmes a plus de chance de les intéresser. A moins que l’autisme ne disparaisse en sortant de l’hôpîtal de jour...

    De même, utiliser une technique de communication "alternative" (PECS, Makaton etc...) suppose une collaboration entre parents et professionnels. Que cela intéresse plus les parents les plus motivés, oui ... et alors ?

    Voir en ligne : Interventions éducatives, pédagogiques et thérapeutiques proposées dans l’autisme : une revue de la littérature

    • ca, ca date d’hier :

      CHICAGO — Un enfant autiste traité par thérapie comportementale dès l’âge de 18 mois et pendant deux ans voit ses symptômes s’améliorer de manière considérable, selon une nouvelle étude américaine qui vient conforter les tenants d’une prise en charge précoce de l’autisme.

      L’étude était limitée -n’incluant que 48 enfants évalués à l’Université de Washington, mais ses résultats ont été si encourageants qu’elle a été étendue à d’autres sites, a souligné Geraldine Dawson, responsable scientifique de l’association "Autism Speaks" et ancienne enseignante à l’Université de l’Etat de Washington, conduit l’équipe de recherche.

      Cette étude, financée par l’Institut national de santé mentale, est publiée sur le site en ligne du journal Pediatrics.

      Jusque-là, le traitement précoce de l’autisme retenait l’attention des spécialistes tout en restant controversé, faute de preuves réelles de son efficacité. Cette étude est donc "une étape très importante", s’est félicité Tony Charman, spécialiste des méthodes éducatives pour l’autisme à l’Institut de l’Education de Londres.

      Les spécialistes s’accordent de plus en plus sur l’importance d’un diagnostic le plus précoce de l’autisme. Et cette étude montre que la précocité est rentable dès lors qu’elle s’accompagne d’un traitement également précoce, estime Laura Schreibman, spécialiste de l’autisme à Université de Californie à San Diego.

      Des enfants âgés de 18 à 30 mois, ont été désignés au hasard, certaines suivant un traitement comportemental particulier, d’autres suivant des traitements moins approfondis.

      La thérapie choisie, le modèle "Early Start Denver", est très proche d’autres formes de traitement comportemental de l’autisme. Elle est axée sur les interactions sociales et la communication, deux domaines particulièrement difficiles pour nombre d’enfants autistes.

      Par exemple, thérapeutes et parents vont de façon répétée tenir un jouet près du visage d’un enfant pour l’encourager au contact visuel, dont l’absence est fréquente dans l’autisme. Ou bien ils vont récompenser un enfant qui utilise des mots pour réclamer un jouet.

      Dans le groupe spécialisé, les enfants avaient quatre heures de traitement avec un thérapeute cinq jours par semaine, sans compter les cinq heures hebdomadaires données par les parents eux-mêmes.

      Au bout de deux ans, le QI des enfants a progressé de près de 18 points en moyenne dans le groupe spécialisé, contre sept points dans les autres groupes. Le language s’est aussi amélioré davantage dans le groupe spécialisé.

      Après ces deux ans, près de 30% des enfants autistes de ce groupe ont été à nouveau diagnostiqués avec une forme un peu moins sévère d’autisme, contre 5% des autres. Aucun n’était considéré "guéri".

      Ashton Faller a commencé le traitement spécialisé alors qu’il n’avait que deux ans. "Il n’avait acquis aucune forme de langage verbal, n’avait aucun contact visuel et était très renfermé", se souvient sa mère, Lisa.

      En deux ans, Ashton a fait des progrès "surprenants", dit-elle. A près de six ans aujourd’hui, il est scolarisé en maternelle, et bien qu’il continue à avoir de légers retards, notamment dans le domaine relationnel, les gens ont du mal à croire qu’il est autiste, a-t-elle ajouté

  • Tant que nous considérerons que l’autisme infantile existe, qu’il est une entité clinique fiable et solide... on continuera de balbutier et de comparer l’incomparable et d’ajouter carottes et navets, pour faire des statistiques et des calculs qui révèlent le refus de la "culture scientifique" actuelle d’admettre qu’elle n’a aucune compétence pour éclairer correctement les variantes des organisations existentielles.
    Kanner a passé sa vie à établir et maintenir la cohérence imaginaire d’un ensemble qui n’en est pas un.