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Une petite lumière sur le soin précoce par Marie Allione
vendredi 18 février 2011, par
Une petite lumière sur le soin précoce
Marie Allione [1]
Ce titre est d’abord un clin d’oeil au prénom d’une petite fille que j’ai reçue à l’âge de
8 mois et demi car ses parents étaient très inquiets. Je vais l’appeler Myrtille pour la
circonstance. C’est ensuite une façon de reconnaître que les parents sont les mieux placés
pour appréhender la nature si déroutante des difficultés de leur enfant et, souvent, ils s’en
rendent compte très tôt mais c’est un savoir qui ne se sait pas et qui n’est pas toujours
entendu. C’est enfin une manière de proposer une hypothèse de travail et une matrice à penser
pour le repérage précoce d’une possible évolution vers l’autisme chez le bébé à partir de la
question de la pulsion, question au coeur de la reconnaissance de l’autre de la relation.
C’est cette vive inquiétude des parents qui a alerté le médecin de la PMI, plus que
l’état de santé de Myrtille. C’est dire que l’acuité des parents peut-être précieuse et mérite
toute notre attention et que les signes avant-coureurs d’une possible évolution vers un autisme
peuvent être discrets et subtils. L’idée que, chez un bébé, les difficultés vont disparaître en
grandissant a toujours cours. Cette idée souvent évoquée pour ne pas inquiéter inutilement des
parents a la « peau dure » car elle est encore d’actualité. Malgré tous les travaux sur les signes
de souffrance précoce ou sur les clignotants de risque d’évolution vers un autisme et la
formation qui est faite auprès des professionnels de la petite enfance, nous voyons encore trop
souvent les enfants tardivement, le plus souvent au mieux vers l’âge de deux ans ou entre
deux ans et trois ans.
Or la clinique précoce nous montre que chaque jour qui passe, chaque mois passé est
du temps perdu pour le développement psychique, psychomoteur et pour la plasticité
cérébrale. Sans être trop alarmiste, il paraît vraiment important d’être attentif et de ne pas
laisser passer un temps si précieux. Et lorsque nous pouvons soigner des bébés très tôt,
l’évolution peut-être significative et très rapide.
Mais soyons prudents, tous les bébés que nous recevons n’ont pas, heureusement, de
signes inquiétants et nous ne savons pas, lorsque les choses rentrent dans l’ordre rapidement,
si l’évolution aurait conduit à un processus autistisant2. Mais comme nous voyons bien qu’il
faut deux à trois ans pour fabriquer un autisme « fini »3, avec les signes classiques que nous
connaissons, comment repérer des clignotants de risque autistique chez le bébé de quatre à 12
mois ?
(…)
[2] Médecin chef du secteur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, Alès.
Psychanalyste, membre de l’association Espace Analytique
Messages
1. Une petite lumière sur le soin précoce par Marie Allione, 20 février 2011, 21:42, par Laurence Cohen
Merci pour ce très beau texte.
1. Une petite lumière sur le soin précoce par Marie Allione, 16 mars 2011, 08:14, par Didier Petit
Merci. Ce texte inscrit les traces d’une expérience qui compte essentiellement dans cette contrée qu’on appelle "Thérapie", où aller parfois : la réanimation et le "réenvisager" par l’entourage qui s’est vu dévisagé le plus tôt... Merci de permettre à Marie Allione de nous donner cela, elle offre un témoignage de dignité.
2. Une petite lumière sur le soin précoce par Marie Allione, 23 mars 2011, 11:16, par supligeau marie-odile
Merci pour cet écrit tellement instructif et réconfortant pour qui s’affronte, par les temps qui courent, aux soins et aux pathologies de ce type. Je fais largement circuler auprès de collègues et amis.